Le progrès social,l’édito de Jean-Claude RODES.

Le besoin de sécurité est un des besoins fondamentaux des êtres humains, surtout lorsqu’ils vivent en société. C’est même devenu un droit essentiel pour tout citoyen.

C’est un acquis. Les préfets — et même un préfet  “super” flic — se succèdent en Guadeloupe. Même les plus hautes autorités de l’Etat, comme Manuels Valls alors ministre de l’intérieur, sont déjà venues ici tenter de nouvelles solutions. Mais  la violence reste encore chez nous tristement à l’ordre du jour.

En ce début d’année, comme pour ne rien changer, la violence et plus précisément les violences, font la Une de nos journaux, radios, blogs, télés.  Elles sont aussi dans nos écoles,  dans la rue, elles débordent des tribunaux, elles préoccupent les familles, les élus, elles parasitent la vie et les consciences. En un mot, nos concitoyens ont peur. Peur surtout pour la sécurité physique des personnes et matérielle des biens.

Mais aussi  peur pour les débordements politiciens toujours  passionnés. Les Guadeloupéens sont également inquiets en termes d’image, pour leur économie, au moment où la Guadeloupe vient d’être classée 11ème parmi les 52 meilleures destinations de rêve par le célèbre quotidien Américain “The New-York Times”.  Cette peur s’insinue dans les consciences et dans les comportements. On commence par être prudent dans nos sorties, surtout nocturnes, et on finit par se méfier du voisin et encore plus des inconnus.

 Et ce d’autant que notre pays s’illustre chaque jour tristement en tête du hit-parade de la criminalité et du mal vivre. Cela attriste nos cœurs, car chacun, très jeunes, adolescents,  adultes ou vieillards  le ressent au quotidien.

L’éradication de la violence n’est pas un phénomène simple, que l’on peut traiter avec une bonne vieille recette de grand-mère. Il ne suffit pas de mettre en place plus de policiers, plus de lois sécuritaires, plus de déclarations péremptoires. Car la violence se conjugue et se décline en effet sous de multiples formes. Si on pense en premier lieu à la  délinquance”utilitaire”,  avec la vente  de produits illicites, des vols, des  braquages voire même des “contrats”.

Elle est aussi malheureusement quotidienne dans les familles (physiques, sexuelles ou psychiques). Elle est également, comme le montre les nombreux litiges, au travail,  et même dans nos institutions.

Si la sécurité publique est une prérogative de l’Etat, la violence n’est pas uniquement l’affaire de l’ETAT. Elle relève de la responsabilité collective. La paix ne viendra pas essentiellement avec plus d’escadrons de gendarmerie. Et encore moins avec les justiciers auto-désignés. Il est  donc clair que si la sécurité est bien une responsabilité régalienne où chacun est en droit d’attendre un engagement et une efficacité de l’Etat, il est naturel que les citoyens et les élus locaux s’en saisissent, en mettant au vestiaire leurs  préoccupations politiciennes ou électoralistes.

Car derrière tous ces passages à l’acte connus et inconnus, il y a des dysfonctionnements sociaux et économiques qu’il faut débusquer et surtout dénoncer,  si l’on veut un peu améliorer notre quotidien. Difficile en effet de s’en prendre aux jeunes quand notre société n’est pas capable de donner du travail à la moitié des moins de 30 ans. On est assis sur une bombe économique et sociale. Et comme les musiciens du Titanic on continue à jouer alors que le bateau coule. Outre ce chômage himalayesque  et de longue durée, qui mine la cohésion familiale, la crise économique qui dure depuis des années prive des générations entières  de perspectives sinon celle de sombrer dans la délinquance et toutes les dérives possibles.

La paix ne peut venir que de notre volonté d’accepter le bien vivre ensemble. Elle n’est pas uniquement  à l’intérieur des individus ni au sein des familles.

Nous sommes condamnés à réussir sous peine de disparaître.

Car la société sécrète des germes d’autodestruction qui ont commencé à nous empoisonner en débutant  par les plus vulnérables, nos enfants et nos concitoyens en situation de précarité. Plus que de répression, ils ont besoin de modèles à imiter, à intérioriser, et à dépasser. Nous avons perdu cette exemplarité qui servait de repères aux jeunes des années 70-80. Ceux et celles qui voulaient dépasser le premier de la classe, ne souhaitent plus qu’une chose aujourd’hui : être plus bad boy que le bad boy du quartier.

Et le surpasser dans la médiocrité. Alors même qu’il y a tant de nobles raisons pour ne pas  désespérer de l’avenir. Des talents émergent régulièrement de cette terre de Guadeloupe. Redevenons des enfants des années 70, animés par la soif de réussir et la volonté de construire ce pays Guadeloupe. Reprenons le chemin de l’excellence, même si un pessimisme fâcheux, notamment en matière et de délinquance, de chômage et  de défiance  polluent nos horizons. Le quotidien est à réinventer, mais toujours vers le meilleur.

La violence est une affaire complexe, qui ne peut se résoudre qu’avec des “yaka” et de la répression. S’il  y a les lois, des tribunaux, il y a aussi la famille, l’école, les associations, les médias citoyens  et les grands frères. C’est donc une responsabilité collective. Horizontale et non plus verticale. 

Mais faudrait-il encore en être pleinement  conscient, surtout chez nous, de son  ampleur. Il y a  une urgence à se mobiliser à tous les niveaux et à se responsabiliser. Quand les temps sont déjà si durs, évitons de ternir l’image de  notre si belle Guadeloupe. Ce serait “on krim” contre péyi la !

 RJC  

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