Les élections municipales et communautaires.

Un taux d’abstention record

On ne peut pas dire des élections municipales et communautaires de 2020 qu’elles ont mobilisé les électeurs de la Guadeloupe puisque les taux de participation ont été 46,48% au 1er tour et 56,52% au second. Que plus d’un électeur sur deux ait boudé les urnes le 15 mars dans 14 des 32 communes de l’archipel et qu’à peine plus d’un électeur sur deux soit allé voter le 28 juin dans les 20 communes concernées ne s’explique sans doute pas, du moins pas seulement, par la situation de crise sanitaire liée au COVID 19. Les taux d’abstention au 1er tour ont dépassé 60% à Baie-Mahault, au Gosier, à Petit-Bourg et à Pointe-à-Pitre…A l’inverse, l’abstention reste relativement très faible, entre 18,58% et 26,75% au 1er tour à Terre-de-Haut, à la Désirade, à Terre-de-Bas et à Vieux-Fort. Globalement, la participation en 2020 marque, par rapport à 2014, un recul de 15 points qui interroge inévitablement sur le sens et la valeur de la notion de citoyenneté et sur le fonctionnement de la démocratie représentative.

La Guadeloupe n’a cependant pas à rougir en comparaison du niveau national où les taux de participation  aux 1er et second tours n’ont pas dépassé 44,66 et 41,6% respectivement, dégringolant de 20 points par rapport à ceux de 2014. Dans 11 des 20 communes où un second tour s’est imposé, le taux de participation a dépassé celui du 1er tour de 12 points. Ce ressaisissement des électeurs mérite d’être salué même s’il est insuffisant. Il faut en effet se rappeler qu’au début de la 5ème République et jusqu’en 1983, l’abstention était comprise entre 20 et 25% et que si le cap des 30% a été franchi en 1995, il était resté en dessous de 40% jusque là.

Au 1er tour des élections, pour gagner l’élection, il faut obtenir la majorité absolue des suffrages exprimés et réunir les voix d’au moins 1/4 des électeurs inscrits. Au second tour, la majorité relative suffit. Si la faiblesse de la participation ne fait donc pas légalement obstacle à l’élection des maires, elle peut fragiliser leur légitimité et affaiblir leur autorité s’ils ne réussissent pas à rassembler la population autour d’un projet fédérateur et à faire oublier les tensions et clivages de la campagne. Un exemple pris volontairement hors de la Guadeloupe permet de réfléchir à ce risque en toute objectivité : dans une ville du Nord de la France hexagonale où seuls 22,75 % des électeurs inscrits ont voté au second tour, et où, de surcroît,  il y a eu près de 4% de bulletins nuls ou blancs, la liste victorieuse conduite par le maire sortant a été réélue à une « large » majorité (56,20%) qui ne peut masquer que  moins de 10% du corps électoral a voté pour cette liste.

Attention aux victoires à la Pyrrhus…                                              

Danièle DEVILLERS

 

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