Quand le mensonge prend l’ascenseur, la vérité prend l’escalier.

Arrestation arbitraire, embastillement, interdiction et menace de publication. Intimidation des annonceurs, de nos partenaires. Désinformation, discréditation, absence d’aide publique, le Progrès Social jusqu’ici, cible privilégiée de la bêtise coloniale et des lobbies de l’import, croyait avoir connu et subi tous les crachats. Il a fallu attendre le récent rapport de la commission d’information et de recherche historique sur les évènements de décembre 1959 en Martinique, de juin 1962 en Guadeloupe et en Guyane et de mai 1967 en Guadeloupe, pour que je me rende compte que le fond en matière de désinformation, de calomnies et de nuisance à l’égard du journal doyen de Guadeloupe, Le Progrès Social, devenu un patrimoine précieux de notre pays, n’est pas encore touché.

Voilà une commission “indépendante” qui se targue du concours des plus éminents spécialistes (Benjamin STORA, Jacques DUMONT ou Serge MAM LAM FOUCK) qui a pu avoir connaissance des documents historiques, mêmes classés, (témoignages, rapports administratifs,  rapport de police….) et qui publie tant de billevesées  sur l’identité, l’ADN et les engagements, de notre hebdomadaire. Nous passons sur les erreurs de dates, mais relevons par exemple en p. 42 (bas de page) sur la partie consacrée à Juin 1962 qu’il est écrit que le Progrès Social était le “journal communiste de la Guadeloupe”.  Et en page 50, qu’il était “publié à Pointe-à-Pitre et dirigé par le militant autonomiste guadeloupéen Rémy Bebel”. L’affirmation est d’autant plus grotesque que les communistes et certains nationalistes (chinois et stalinien) taxaient à l’époque les frères RODES de bourgeois. Ennemi par définition de la classe ouvrière et du collectivisme. L’accusation est d’autant plus saugrenue que Félix et Henri RODES, ont été nourris par les vertus d’une propriété portée à bout de bras par leur mère.  Ma grand-mère, cette  authentique paysanne, on poto mitan, une inlassable, courageuse et infatigable travailleuse. Il est vrai que le mérite et le travail finissent toujours par être payés en retour. Mais est-ce une tare si un paysan, et même un bourgeois ou un aristocrate, qui travaille ait une relative aisance ? Sus donc à ces pensées totalitaires et misérabilistes.

Les contrevérités de ce rapport rédigé à la va-vite incontestablement, ont semblé si insupportables que l’historien Guadeloupéen René BELENUS s’en est désolidarisé. Tout jé sé jé fouré bwa an kyou a makak pa jé.  René Bélénus  s’est-il souvenu  d’Albert Einstein qui disait : Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal. Mais par ceux qui  regardent  sans rien faire.

On peut comprendre que des amis, des lecteurs assidus du Progrès Social, outrés, scandalisés, se sentant trahis, nous exhortent à porter un cinglant démenti à l’injure faite au Progrès Social, ses dirigeants, et à l’histoire de notre pays. En particulier sur la 3ème partie du rapport portant sur les évènements de Mai 1967.

Qu’ils soient ici rassurés. C’est vrai. Quand le mensonge prend l’ascenseur, la vérité prend l’escalier. Elle met plus de temps. Mais elle finit toujours par arriver.

Comme on le constate, il n’y a pas que les pouvoirs autoritaires et  les profanateurs de l’avenir qui n’ont pas la presse en odeur de sainteté. Le progrès Social, en tant que média guadeloupéen “libre” ne relève pas de la naïveté. Ses contradicteurs, les comploteurs, il le sait, sont encore aujourd’hui nombreux. De l’extérieur, comme à l’intérieur. D’où son combat pour une presse libre, de qualité et  donc responsable.

Quelles que soient les griefs qu’on peut faire à la Presse (et il y en a), il demeure néanmoins qu’aucune société civilisée ne peut vivre et fonctionner sans une presse authentique. Et dans nos sociétés démocratiques sans une presse plurielle. Une presse mieux formée. Et mieux reconnue dans ses missions avec une maison de la Presse, comme il en existe dans de nombreux pays et même les plus déshérités. C’est là notre détermination à l’Union des Journalistes et des médias Guadeloupéens (UJMG) que préside, le doyen des rédacteurs en chef DURIZOT JOCELYN.  Je préférerai vivre dans un pays qui a des journaux et pas de gouvernement plutôt que dans un pays qui a un gouvernement, mais pas de journaux”, disait Thomas Jefferson le premier président des USA.

Le Progrès Social chers lecteurs a plus que jamais besoin de vous. Comme tous les médias écrits, il connait des difficultés. Toutes les entreprises de Presse subissent l’alourdissement de leurs charges, de la matière première papier aux coûts d’acheminement postal. Tous enfin vivent d’un marché publicitaire ou d’annonces légales en chute libre.

Rendons l’hommage mérité à ceux qui chez nous, ont fait de la presse un contre- pouvoir contribuant à la libre expression. Il n’en reste pas moins vrai que notre Guadeloupe est l’un des plus grands cimetières de journaux. Le Progrès Social  résiste parce qu’il fait sien  cette devise : Tourne-toi vers le soleil et l’ombre sera derrière toi.

Ayons ici, une pensée reconnaissante pour ces Guadeloupéens, qui dans un contexte de domination et d’aliénation féroce, se sont battus pour la liberté d’expression. Ils sont si nombreux, qu’on ne peut citer  que quelques-uns.  De la Cravache (1899-1909) au Nouvelliste (1919-1965), journal de la famille Lara, organe officiel des idées socialistes, portant en manchette le sigle SFIO et qui a longtemps détenu le record de longévité.  Son fondateur Hildevert-Adolphe Lara est le fils de Moïse Lara, esclave affranchi.   Citons aussi Fraternité (1909 de Pierre Blanche); Le Libéral (1904 de René Bois neuf), Liberté (de Nainsouta); le Miroir de la Guadeloupe (1947-1957). Plus près de nous, le journal “Clartés” (de 1945- 1967) vendu à la sortie de la messe. En 1943 jusqu’au années 90, “Match” de Camille Jabbour socialiste-mitterrandiste; L’Etincelle puis les Nouvelles Etincelles du Parti Communiste qui existe toujours. Tous les journaux révolutionnaires : Jakata (1977) ; “Jougwa” ; “Magwa” ; “Lendépendans” de l’UPLG. Rénovation ; Combat ouvrier…  En réaction, la Presse départementaliste “Antilles-Matin” ; “Madras”, “Guadeloupe 2000”; ou de type nouveau : “Télé Sept jours devenu “Sept Mag”.

60 ans dans une continuité intergénérationnelle, “Le Progrès Social”, fondé par Henri RODES est devenu un patrimoine de la Guadeloupe. Il poursuit malgré les tracas, les crocs en jambe, les mensonges, sa mission d’information.

Nous ne laisserons jamais  les ombres  du fankyou, obscurcir la lumière de demain. Grande est notre détermination.  A défaut d’écrire sur du papier, nous écrirons même sur les pierres. Alors, pa touch !

Rodes Jean-Claude.

 

 

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