Avec une délégation d’une dizaine de confrères de Guadeloupe, il s’agit de réfléchir, d’échanger, d’imaginer et de se projeter dans le futur.

Tonga soa éto (Bienvenue) à Antsirabé ! Au moment où j’écris ces lignes, je me trouve à Madagascar au 45èmes Assises de l’Union de la Presse Francophone (UPF). Avec une délégation d’une dizaine de confrères de Guadeloupe, il s’agit de réfléchir, d’échanger, d’imaginer et de se projeter dans le futur, les contraintes, les évolutions du métier de journaliste.  250 journalistes originaires de 47 pays et représentant tous les types de supports y compris des formateurs d’école de journalisme. Du 17 au 24 novembre à Antsirabe, nos Assises se tiennent sur le thème de l’économie des médias dans les pays en développement.

Madagascar comme chacun le sait n’est pas la porte à côté pour nous Guadeloupéens, mais quand on aime, on s’impose des “exigences” et on ne compte pas. D’autant que l’enjeu reste décisif pour le présent, mais aussi pour le futur de nos médias et pour défendre la liberté d’expression. Et cela les journalistes Guadeloupéens l’ont bien compris. 

Après notre participation aux assises de l’UPF à Montréal, Yaoundé, Casablanca, Rabat, Dakar, Lomé, nos 45 èmes assises à Antsirabé s’inscrivent dans le même larèl des préoccupations des autres congrès. Il s’agit de répondre aux nombreux défis que doivent relever les médias pour leur survie. Des défis sans précédents dus aux bouleversements technologiques, mais aussi économiques. Auxquels viennent s’ajouter la nécessité d’une déontologie, d’une éthique et la nécessité d’une formation, socles de l’indépendance de notre profession. Et sa crédibilité. Car la liberté d’expression va de pair avec la responsabilité. Un corollaire indispensable apportant aussi une garantie à nos lecteurs, nos auditeurs et téléspectateurs, à nos partenaires institutionnels et annonceurs.

Ces propos largement propagés dans nos colonnes, ont été réaffirmés par le président de l’UPF, le sénégalais Madiambal Diagne (brillamment réélu pour 2 ans) lors de l’ouverture de nos assises le lundi 21 novembre. “Oui, les médias favorisent l’essor et le progrès d’un pays” ! Que ce soit sur le plan économique, social, politique, la circulation de l’information, la confrontation des idées, l’emploi et surtout l’élévation d’une conscience citoyenne, nos médias constituent un facteur important pour jeter des bases plus sûres pour l’émergence d’une démocratie plus respectueuse et d’une société civile plus apte à prendre toute sa part dans les problématiques sociétales.

Le thème retenu permet de débattre de sujets d’une actualité brûlante. Le “risque économique” engendré par les pressions issues des gouvernants et des groupes financiers est récurent. Et si on serait presque habitué aux pressions des gouvernants et des politiques — en Guadeloupe aussi —  les moyens d’influence utilisés par les groupes financiers deviennent de plus en plus prégnants et virulents. On le voit en France avec la concentration entre les mains de quatre ou cinq groupes financiers de l’essentiel des principaux médias écrits et audiovisuels.  La reprise en main brutale du groupe Canal+ et de iTélé risque d’avoir des conséquences dévastatrices sur les relations futures des journalistes avec leurs employeurs.

Les effets des transformations technologiques du métier de journalistes, l’introduction incessante de nouveaux supports médiatiques, les nouvelles façons de consommer les médias modifient en profondeur l’économie des médias. Quel prix doit-on fixer à une information vérifiée, validée et donc crédible, quand on voit la multiplication de médias gratuits et de l’accès gratuit à tout et n’importe quoi sur le net. Comment faire en sorte que les médias anciens et nouveaux trouvent, dans ce monde en mutation,  un modèle économique viable et rentable qui garantisse sa pérennité ? Et dès lors permettre aux journalistes, surtout les plus jeunes, de trouver dans ce métier passionnant les moyens d’assurer leur subsistance la plus confortable possible ?

Quelle place accordée à la formation des journalistes (aux NTIC) mais également à l’éducation aux médias de la population, surtout aux jeunes ? Il s’avère en effet nécessaire pour rendre efficace la diffusion de l’information, il faut une adéquation entre le besoin du consommateur et la vision du diffuseur. Et là c’est bien là l’affaire des médias et pas celui des canaux de diffusion. La réaction du PDG de facebook après l’élection américaine l’a bien démontré.

Notre section Caraïbe de l’UPF dont j’assume désormais la présidence et l’UJMG présidée par Jocelyn DURIZOT s’attacheront très rapidement, en partenariat avec la collectivité régionale en charge de la formation professionnelle, mettre en œuvre pour les journalistes de Guadeloupe et de la Caraïbe francophone, des modules de formations ciblés sur ces problématiques. Il est évident que l’adaptation de nos médias et aussi de nos confrères à ces nouveaux modes diffusion mais également à ces nouveaux modes d’écriture, d’investigation, de vérification ont un coût et pas seulement en termes de coût d’opportunité. En ce sens, ces Assises ont été l’occasion pour nous de prendre l’attache de formateurs expérimentés afin de nous aider dans cette entreprise.

Des chantiers nouveaux s’ouvrent à nous. Soyons donc suffisamment intelligents, ambitieux et surtout pragmatiques pour les faire aboutir.

 

Rodes Jean-Claude

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