Avocats.

HOMMAGE A CES DEFENSEURS DE LA DIGNITE HUMAINE.  

Comme le disait Victor HUGO .  On ne doit jamais retirer à un homme ni sa vie , ni la possibilité  et le droit de devenir meilleur. C’est un droit sacré.  Sinon  c’est de les enfoncer dans leur malédiction d’origine.  C’est la question majeure de la réinsertion (Robert Badinter)

 Leur rôle !

En moyenne, on compte un avocat pour 1 000 habitants sur l’ensemble du territoire français .Autour de plusieurs spécialités, les avocats tiennent le rôle essentiel d’assurer la défense de leurs clients lors d’une procédure judiciaire. Mais également d’apporter des conseils liés au droit. Le métier a connu une évolution croissante ces dix dernières années.  De l’Antiquité à nos jours, portés par une ambition humaniste, des avocats ont défendu d’autres causes (et souvent à leurs dépens, car parfois embastillés ou tués) que celles de leur client.

.  ( Robert Badinter)

Robert Badinter (30 mars 1928- 9 février 2024), un homme politique, juriste et essayiste français. Professeur de droit privé et avocat au barreau de Paris qui se fait connaître du grand public pour son combat contre la peine de mort, dont il soutient l’abolition devant le Parlement en 1981, à l’instar de ses pairs, de  Cicéron, de l’Antiquité à nos jour, tous ont été d’abord des défenseurs de l’humain.

Les avocats dans l’histoire

Dans l’Antiquité : ces avocats de l’ombre .

Dans la Grèce Antique, les accusés étaient contraints de se défendre seuls, en application du Code de Solon (591 av J.C.). Ils étaient autorisés, toutefois, à faire rédiger leur discours par un logographe / écrivain public.La profession d’avocat n’existait donc pas en tant que telle mais l’idée de défense d’autrui est née en Grèce et à Rome : Cicéron en est le plus connu.

C’est chez les Romains que la profession d’avocat se profile : Justinien 1er, empereur byzantin, crée « l’Ordre des Avocats » L’édification des règles déontologiques prendra plusieurs siècles et passera notamment par le travail de l’Ordo (ancêtre du barreau], ordre clérical régenté.

Le trac de Cicéron

Cicéron (Marcus Tullius Cicero, 106 av JC –  43 av JC) fut homme d’état romain et auteur latin, doté d’un art oratoire hors du commun. (Ce que l’on sait moins, c’est que d’après des écrits de son contemporain Antoine, Cicéron mourait de peur avant chacune de ses prises de parole en public. Avec cette même angoisse de votre serviteur  écrivant toujours d’une main tremblante). Les orateurs étaient soumis à la critique à chaque passage. Tout son prestige était donc mis en jeu à chaque intervention. Même les meilleurs connaissent le stress.

Au moyen âge : L’apparition de l’avocat.

L’élaboration de règles déontologiques prendra plusieurs siècles. L’avocat est chevalier es-lois, il est assimilé aux chevaliers militaires car il combat lui aussi pour défendre les pauvres et les humiliés, figures de Jésus-Christ. L’avocat se recrute au début parmi les ecclésiastiques seuls versés dans la connaissance des lois et notamment dans le droit romain.
Mais, très rapidement, la profession est exercée par des laïcs, tout en continuant de revêtir une dimension religieuse incarnée notamment par un avocat devenu pape : Clément IV (1265-1268) et par Yves HELORY (1253-1303) devenu Saint-Yves (Aucun lien de parenté « connu » avec notre honorable et immense Pierre Yves CHICOT). Yves HELORY est aujourd’hui le patron des hommes de loi. Les avocats doivent prêter serment et jurer sur les Saintes Evangiles. Ce serment précisé en 1344 sera en usage dans la profession jusqu’en 1810.

La profession d’avocat en France

La première trace de la profession d’Avocat date du règne de Charlemagne, dès 802.  Mais c’est véritablement au XIIIe siècle que naît la profession.

Philippe de Valois créé le Tableau (matricule des Avocats), listant les individus ayant le pouvoir de défendre à la Cour. A cette époque, quiconque portait la main sur un Avocat était passible d’excommunication. Religion et droit étaient donc des valeurs très liées et la limite entre ces 2 pouvoirs n’était pas clairement définie.

En 1344, le statut « d’Avocat » est enfin officialisé par le parlement de Paris. En 1340, on compte 51 avocats. ( L’ordonnance de Villers-Cotterêts d’août 1539 pose le principe, qui perdurera jusqu’à la Révolution, selon lequel l’inculpé est privé de défenseur lors de l’instruction et à l’audience. La torture devient la règle, et le statut d’Avocat devient très limité. A la veille de la Révolution, on dénombre à Paris 600 avocats. 

La Révolution Française (1789) va bouleverser la situation judiciaire.  Le supplice est tout d’abord aboli, et la présence de l’avocat est permise pendant l’instruction. 

La 3ème me République a souvent été surnommée la République des avocats.

Ces derniers apparaissent en effet comme des acteurs majeurs de la vie publique : ils sont à l’Élysée, au gouvernement, au parlement, dans nos mairies. En France, sur vingt-trois Présidents de la République, onze ont été avocats.Par ailleurs le barreau règne toujours dans les prétoires, et les grands ténors bénéficient d’une célébrité qui n’a souvent rien à envier à celle de leurs confrères de la scène politique.

Le CAPA est créé en 1941. Mais le gouvernement de Vichy prend d’autres mesures à l’égard du barreau, qui provoquent l’exclusion de plusieurs centaines d’avocats juifs et d’origine étrangère, sans que l’Ordre proteste publiquement. Ces années de guerre, qui voient le barreau divisé et déchiré, sont incontestablement les plus sombres de l’histoire de la profession.

Femmes avocat(e)s

En décembre 1900, Jeanne CHAUVIN est la deuxième femme à prêter serment. Elle sera la première femme à plaider en 1907. Chez nous, en 1939, Gerty ARCHIMÈDE sera la première femme avocate.). En 2018, une autre femme sera élue pour la première fois à la présidence du Conseil national des barreaux.  Chez nous des avocates par leur talents et influence, Lucette Michaux Chevry, puis George Pau-Langevin, furent ministres de la République.

  .   Félix RODES : Un  personnage emblématique

En ces temps d’imposture, il ne faut rien céder à l’oubli. Et ce d’autant que c’est un devoir d’exemplarité de réhabiliter tous ces hommes et toutes ces femmes et autant de lumières qui n’ont pas compté leur temps, pour une élévation de l’esprit.  Déjà, de leur vivant,  ils sont entrés dans notre panthéon. Pour  co- construire le pays et notre humanité.

Le colonialisme, comme les impérialismes, et ces « isme » de la déshumanisation, n’ont pas d’âme. Et aucune conscience de la dignité des hommes.  Ce fervent Gaulliste de la 1ère heure  s’est éteint  à l’âge de 90 ans.  

 Celui qui fut deux fois Bâtonnier de l’ordre des avocats, auteur de si nombreux ouvrages sur son pays, aura marqué de son empreinte le monde judiciaire et les grandes causes qui l’accaparaient

 Il n’avait pas d’ennemis. Des contradicteurs oui, des adversaires certainement. Tous lui ont rendu hommage et avec ferveur, et même son plus intime adversaire, l’honorable et érudit professeur Edouard Boulogne ne cachant pas surtout ses convictions. ( qu’on se souvienne de ces joutes mémorables dans des échanges respectueux entre ces deux immenses érudits, ces  deux enfants de notre pays, à Radio-télévision Eclair à Basse – Terre capitale).

 Il n’a pas pu y échapper ! 

Comme ceux et ces élites, ces inlassables combattants de la liberté,  qui mènent pour leur peuple et la dignité de l’homme, l’indispensable combat, son engagement politique  le conduit derrière les « barreaux ».  Après les évènements de Mai 1967,  Félix arraché à l’affection des siens, sera  arrêté et embastillé  pendant 169 jours.  Ce grand ténor du barreau, comme il fallait s’y attendre endossera à la fois le rôle d’avocat et de prévenu quand il décidera d’assurer sa défense et celle de ses camarades au procès que l’on surnommera « le Procès des Guadeloupéens ou des 18 patriotes ». Poursuivis pour « atteinte à la sûreté » de l’Etat, ils seront finalement acquittés.

Faut – il conclure ? 

Réaffirmons notre humanité. Les violation des droits de l’homme est encore une effroyable tragédie.  La terrible et angoissante  question se pose : Qui va veiller à faire connaître et à protéger les droits de l’Homme et rétablir leur dignité,  afin qu’ils deviennent une réalité ? Des philanthropes sur leur continent, pays et village à travers les âges, avec leur talent, leur engagement, là où ils faisaient profession. Et même dans l’anonymat, ont défendu les droits des plus vulnérables et des « sans » voix,  parce qu’ils avaient constaté qu’on ne pouvait apporter la paix, le progrès, l’égalité et surtout une nouvelle espérance,  sans ces droits. Chacun d’eux que nous qualifierons de « juste » dans notre humanité  a considérablement changé le monde.Victor HUGO a raison.  On ne doit jamais retirer à un homme ni sa vie , ni la possibilité  et le droit de devenir meilleur. C’est un droit sacré

DURIZOT JOCELYN ( Président de l’UJMG. Doyen des rédacteurs en chef de la Guadeloupe. Membre du comité international à l’UPF)

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