Covid-19 en Guadeloupe S20, 21 et 22.

L’horizon se dégage

Un retour à une vie  quasi-normale est envisagé. Quasi-normale et pas normale car la présence du virus et de ses variants anglais, sud-africain et même indien est une épée de Damoclès sur la tête des plus vulnérables dans une population insuffisamment vaccinée.

La très bonne nouvelle de la S22 est le taux de positivité des tests : 4,2%.  Il a diminué de 50% par rapport à la semaine précédente (alors qu’il y a eu davantage de tests)  et il est en dessous du seuil de vigilance (5%).

Une autre bonne nouvelle : un taux d’incidence de 45,1. La Guadeloupe  n’est plus en alerte mais en vigilance et le restera tant qu’il ne sera pas inférieur à 10. En  5 semaines, il a été divisé par 4 ; il est, en S22, le même qu’en S7 mais l’horizon était bien plus dégagé à la fin de l’année dernière (TI de 11 en S51, 15 en S52 et 53) et du début de l’année (TI de 27 en S5). En l’absence d’immunité collective, le ciel peut rapidement s’obscurcir…et ce d’autant plus qu’outre le variant anglais qui reste prépondérant, plusieurs cas de variants sud-africain et indien, suspectés d’être plus contaminants et d’avoir des effets plus graves, ont été détectés.

Si l’horizon se dégage, le ciel reste obscurci par plusieurs éléments.

On n’en finit pas avec les clusters : 7 en S20, 2 en S21 et 3 encore  en S 22. C’est une plaie pourtant évitable puisqu’elle est directement liée aux comportements.

La courbe des hospitalisations de patients COVID n’a pas évolué aussi favorablement que  celle des taux d’incidence. Au cours de la S22, 68 personnes ont été hospitalisées (85 en S 17). A la date du 6 juin, 112 malades se trouvaient hospitalisés (dont 23 en réanimation et 5 en soins intensifs). A titre de comparaison, à la date du  2 mai, en fin de S17, il y avait 152 patients hospitalisés  (dont 32 en réanimation). Mais ce qui interpelle est qu’il y ait encore autant de cas très graves justifiant des soins en réanimation malgré la décroissance continue  du taux d’incidence depuis 5 semaines. Au 24 janvier, il n’y avait que 2 malades en réanimation, 5 au 31, 13 au 4 avril… C’est à partir du moment où le variant anglais, dépisté pour la 1ère fois en février (S6) est devenu prépondérant que la proportion  des malades admis en réanimation s’est accrue.  Une circulation des variants sud-africain et indien pourrait être dramatique.

Quatre personnes, d’une moyenne d’âge de 70 ans, sont décédées de COVID dans les hôpitaux en S22, (5 en S21+ 5 en S 20). C’est beaucoup si on se remémore un passé récent (1 décès en S5, 2 en S6, 1 en S7). Il faudra un jour rechercher les raisons pour lesquelles la mortalité COVID est en Guadeloupe le triple de la Martinique.

Les chiffres de la vaccination évoluent mais insuffisamment pour que l’immunité collective puisse dépasser le stade du vœu pieu. A la date du 6 juin, si 83982 ont  injections de vaccins ont été pratiquées au total, seules 26553 personnes ont reçu les deux doses requises pour un schéma vaccinal complet. La part de la population de plus de 18 ans ayant reçu une 1ère dose de vaccin n’atteint même pas 20% alors qu’elle approche 60% à Saint-Barthélemy. Depuis le 24 avril, date de l’ouverture du vaccinodrome et de la vaccination à toute la population majeure, le rythme s’est accéléré : on est passé d’environ 1000 injections en S4 à 2000 en S8, 4500 en S20 comme en S 21 et à 7700 en S22.  C’est toutefois encore insuffisant eu égard moyens disponibles (centres de vaccination et cabinets médicaux), le vaccinodrome installé à l’aéroport pouvant à lui seul réaliser 1000 injections/jour. Comment expliquer que les réticences persistent alors qu’il semble acquis qu’un schéma vaccinal complet protège entre 90 et 95% du risque de contamination et que les sujets contaminés bien que vaccinés sont 10 fois moins contaminants ?

C’est dans ce contexte sanitaire amélioré mais fragile que l’étau se desserre et nous retrouvons peu à peu l’exercice de nos libertés chéries.

 Le 25 mai, les commerces décrétés « non essentiels » ont pu rouvrir sous réserve de respecter un protocole rigoureux.

Le 5 juin, le couvre-feu est passé de 19 à 20 heures. Les restaurateurs ont été autorisés à recevoir la clientèle en ½ jauge et seulement en terrasse. Cette demi-mesure a laissé à juste titre dubitatifs bon nombre de professionnels. Pas facile non plus pour les salles de cinéma dont la clientèle n’est pas majoritairement constituée  de retraités et de chômeurs libres de leurs après-midis. Les tenanciers de bars, même en terrasses, n’ont pas eu à se poser la question de la rentabilité d’une ouverture partielle et conditionnelle puisqu’ils ont été exclus des mesures de la 2ème phase du plan d’assouplissement progressif.

La suppression des motifs impérieux pour voyager depuis le 9 juin sauf pour les liaisons ente la Guadeloupe et Saint-Martin, d’une part, la Guyane, d’autre part,  a rendu ses couleurs à la liberté d’aller et venir avec des ajustements selon que les voyageurs sont ou non vaccinés.

La 3ème phase de déconfinement  approche.

Le 16 juin, à quelques jours des élections départementales et régionales, le couvre-feu sera reporté à 23 heures. Simple coïncidence ? Quoiqu’il en soit, on peut s’interroger sur son utilité et sa portée. Pourquoi ne pas l’avoir pas supprimé ?

Le 19 juin, veille des élections, le seuil des rassemblements dans l’espace public passera de 6 à 10 personnes, les établissements recevant du public pourront ouvrir à ½ jauge et selon un protocole strict. Les restaurants pourront enfin accueillir la clientèle en salles. Les bars, fermés depuis plusieurs mois, pourront enfin rouvrir.

Profitons de nos libertés retrouvées et faisons en sorte que nous ne retrouvions pas en septembre dans la situation de 2020. L’équilibre est fragile en l’absence d’immunité collective.

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