L’état d’urgence vient d’être prolongé pour six mois par l’Assemblée nationale. Soit, jusqu’à la fin du mois de janvier 2017.

Quelles seront  les conséquences chez nous et pour nos compatriotes de l’Hexagone ? L’inquiétude est ici légitime. D’autant que le récent assassinat d’un prêtre à la retraite à Rouen n’est pas pour rassurer. Au contraire le danger est partout. Pour rappel, c’est  dans un climat électoraliste donc passionnel, avec beaucoup d’arrières pensés, que dans la nuit de mardi 19 à mercredi 20 juillet que les députés ont donné leur feu vert à une nouvelle prorogation de l’état d’urgence.

Retenons donc, qu’en dépit du cinéma habituel politicien et des postures pour le moins inacceptables, voire indécentes, que la loi sur l’état d’urgence a été voté par tous les groupes. Cette quasi-unanimité et cette diligence pour adopter la loi, montrent s’il en était besoin que l’unité et la cohésion sont  essentielles pour relever le défi.

Après le monstrueux attentat de Nice, il fallait d’une part protéger et rassurer la population. Et d’autre part, éviter de fragiliser encore davantage la cohésion nationale. Et face à un ennemi aussi imprévisible, aussi invisible, il faut prévenir les dérapages, les amalgames visant notamment les français de confession islamique, les bi-nationaux, voire ceux qui n’ont ni la bonne couleur, ni la bonne origine et ni la bonne religion.

Car si la France n’est pas encore les USA en matière de bavures policières et de délit de faciès, des dérives extrêmes restent très plausibles. Et ce d’autant que le syndicat majoritaire  dans la police, ne cache pas sa  conception pour le moins musclée, envers les “fauteurs de merde”, surtout les étrangers ou ceux ressentis comme tels !

Dans les démocraties, lorsque la situation devient hors contrôle la surenchère sécuritaire est bien réelle. Et la France ne fait pas exception. Le gouvernement en conscience et fidèle  à la constitution, n’a toutefois pas suivi totalement la droite dans son offensive de surenchère sécuritaire.  La course à la primaire à droite ne peut en effet  justifier toutes les indécences et extravagances ! “Si quelqu’un dans cet hémicycle a les moyens d’arrêter le terrorisme en quelques jours, quelques semaines, quelques mois, qu’il le dise ! Il ferait mieux de dire la vérité aux Français !” a martelé Manuel VALLS.

Dès lors il faut en cette circonstance savoir garder la tête froide. Il est trop facile pour les extrémistes, les thuriféraires des «Yaka-faukon»  dont les idées et les mesures préconisées en 1936 ont aboutit aux rafles, aux camps de concentration et aux exterminations que l’on connaît. Et c’est là, exactement le but recherché par les chefs de Daech : créer le chaos pour conduire les pays occidentaux à stigmatiser les musulmans. Disloquer leur cohésion nationale. Sortir d’un état de droit qui opposeraient les communautés, les religions et les citoyens entre eux.

Le président Hollande a déclaré, « nous sommes confrontés à une guerre inédite », il faut agir en conséquence. Il faut enfin dire toute la vérité aux Français ! Saluons ici la constance de Manuel Valls, qui toujours, dans une posture aux  accents churchilliens, a annoncé  à  maintes reprises qu’il  y aura d’autres attentats et il y aura d’autres innocents tués. “Nous devons non pas nous habituer mais apprendre à vivre avec cette menace”. 

La menace est réelle et les chiffres parlent d’eux-mêmes. Lors de son discours de “vérité”  devant l’Assemblée nationale le premier ministre a indiqué que 187 djihadistes partis de France avaient été tués en Syrie et en Irak, soit une quinzaine de plus qu’il y a deux mois. 680 adultes y sont toujours présents : un tiers sont des femmes. Il y a, par ailleurs, 420 mineurs, dont 18 combattants. 179 individus sont en transit dans un pays tiers pour rejoindre la zone ou en revenir, et 203 sont revenus sur le territoire français. Combien y-a-t-il chez nous en Guadeloupe d’activistes, de « fous » et de «pommés» sensibles aux chants de morts du terrorisme ?

Résilience, résilience. Nous avions dans nos colonnes, maintes fois appelé au sursaut (asé pléré), donc à la résilience.  La peur ne doit pas paralyser et interdire la vie. Des mesures préventives s’imposent. Qu’est-ce la liberté sans la sécurité a rappelé comme nous,  le président de la République ? Et  François Hollande, d’appeler à l’adhésion massive au service civique, et à la réserve opérationnelle de la police et de la gendarmerie. Une sorte de garde nationale selon le président de la République.

Il n’en reste pas moins vrai, que  vu  la nature des attaques, souvent  archaïques  (hache, couteaux…), le citoyen lambda,  doit s’inscrire dans la solidarité. Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Depuis des décennies, nous préconisons au Progrès Social que les gestes de premiers secours devraient être obligatoires au brevet des collèges et dispensés aux  adultes, dans le cadre des associations, des clubs et des entreprises. Mais bien plus utilement nous avons besoin de nos institutions. Ce sont elles qui permettent le vivre ensemble. Elles doivent se montrer à la hauteur des enjeux. Refusons ces postures  psychorigides et sectaires,  des responsables politiques et leurs conseils.  Chacun doit dorénavant intégrer que nous avons basculé dans un autre monde.

Car quand le désespoir noie la raison, la folie recrute toujours un sauveur. Et les sauveurs au pouvoir finissent par se prendre pour des dieux. Et en veulent terriblement à nos libertés !

RODES Jean-Claude

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