La littérature en émoi, les étudiants émus.

La littérature est un art qui peut s’associer aux autres … ou pas. Une question débattue à l’occasion de la première rencontre de ce 5ème Congrès des Ecrivains de la Caraïbe, à l’université de Saint-Claude, entre étudiants, artistes et  écrivains.

C’est désormais un rituel, la pré-ouverture du congrès des écrivains de la Caraïbe se déroule à l’université du Camp Jacob à Saint-Claude. Et c’est devant un parterre de jeunes gens privilégiés que se sont exprimés  Lyonel Trouillot et Earl Lovelace qui plus est, vice-président et président de l’association des écrivains de la Caraïbe. Le premier est d’origine haïtienne, poète, romancier, critique littéraire et scénariste. Il est également professeur de littérature à l’Institut Français de Haïti et à l’université Caraïbe. Le second originaire de Trinidad est romancier, dramaturge et journaliste. Son roman à succès « Danse du dragon » a été  publié en 1979. Voilà pourquoi, les étudiants semblaient particulièrement intimidés face à ces « deux pointures » de la littérature. Une réalité qui n’a pas échappé à Lyonel Trouillotqui les a invité à plus de spontanéité dans leurs questions pour créer un véritable échange.

Un prix Nobel contesté

Le thème de cette rencontre : La littérature face aux différents arts : de la confrontation esthétique traditionnelle au Prix Nobel de littérature 2016 a lancé le dialogue autour des différentes  formes d’expression artistique et la littérature. Placé sous le feu croisé des questions de ces étudiants, le débat a porté en grande partie sur la pertinence d’avoir décerné à Bob Dylan le prix Nobel de littérature en 2016. A travers cette nomination, le jury a voulu insérer dans la littérature une forme d’écriture populaire par rapport à la littérature traditionnelle. Ce que Lyonel Trouillot ne conteste pas. Toutefois son sentiment c’est que l’ensemble des textes du chanteur ne sont pas des oeuvres poétiques. Certains sortent du lot mais pas la majorité. A cet égard, il pose la question de savoir : n’aurait-il pas été plus judicieux de décerner ce prix en 1971, alors qu’il était au sommet de sa gloire créatrice et invective ? La réponse à ce choix 2016 résiderait dans le fait que cette reconnaissance est d’abord le résultat d’un fort lobby entamé il y a plus d’une dizaine d’années. Earl Lovelace, lui, concentre sa réponse sur l’idée que la littérature chantée ou écrite doit d’abord être engagée. Elle doit servir à combattre les maux de notre époque tel que le racisme, la misère, le sous développement. Il cite en exemple Bob Marley ou Peter Tosh. Et lui aussi de conclure que le choix de Bob Dylan peut en surprendre plus d’un…Nous y sommes le ton est donné.

 

La littérature pour dénoncer les maux

Il s’agira ensuite de débattre sur les paroles du zouk et leur possible intérêt littéraire. C’est alors au tour de Georges Brédent, le président de la commission culture au sein de la collectivité régionale, de se faire l’avocat d’une époque, notamment celle du groupe Kassav, où ces paroles avaient tout leur sens et rapportaient les conditions de vie de la Guadeloupe d’alors. Puis, une discrétion sur le rapt a donné l’occasion à Lyonel Trouillot de préciser que la vraie production littéraire doit être subversive et dérangeante surtout quand le monde produit misère, violence et folie du pouvoir. Place a été faite ensuite aux artistes plasticiens présents pour poursuivre cet échange sur les ramifications entre l’art, la danse, la musique et la littérature ou encore sur la possibilité pour l’art de la sculpture de favoriser la mémoire des hommes. 

Une belle rencontre organisée, dans le cadre du congrès, en partenariat avec le Département  Pluridisciplinaire de Lettres, Langues et Sciences Humaines.(DPLSH) et la Classe Préparatoire aux Grandes Ecoles littéraires (CPGE  Lettres ) du lycée Gerville-Réache.

 

 

 

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