La sacralisation de l’IVG

Des chiffres plus éloquents que de longs discours.

En 2014, en Guadeloupe, le nombre des IVG était  de 3443 et celui des naissances de 5001, soit un rapport de 68,84%  entre les deux. Avec un taux de 39,9 des IVG pour 1000 femmes âgées de 15 à 49 ans, à comparer à 15,3 en France hexagonale, la Guadeloupe était en 2015 la championne du recours à l’IVG.

En 2021 la Guadeloupe a connu :

  1. Une chute de 7,1% des naissances : 4345 (333 de moins qu’en 2020) alors qu’une augmentation était  constatée en Martinique (+2,8%), en Guyane (+1,7%), à la Réunion (+2,5%) et à Mayotte (+15,6%). L’explication du phénomène par la crise COVID aussi tentante soit-elle a ses limites, toutes les régions l’ayant subie.
  2. Une augmentation de 8,5% des IVG : 3461 (+270). La Guadeloupe a atteint un taux de 43,3 IVG pour 1000 femmes âgées de 15 à 49 ans, dépassant son score de 2015 et se classant loin devant la France hexagonale dont le taux est de 14,9.

En 2022

 La baisse de la natalité s’est poursuivie mais  à un rythme moins soutenu : 4196 naissances ont été enregistrées. Dix ans plus tôt, ce nombre était de 5233.

Alors qu’une augmentation sensible des IVG était observée dans les DROM comme dans l’Hexagone, en lien probablement avec l’allongement du délai pour y recourir, les IVG ont diminué (-200) en Guadeloupe. Avec un taux de recours à l’IVG de 40,6 pour 1000 femmes âgées de 15 à 49 ans,  la Guadeloupe se positionne derrière la Guyane  qui, avec un taux de 48,7 bat tous les records. Si le recours à l’IVG a augmenté aussi (+200) en Martinique, le taux de recours (31,3) reste très inférieur (presque 10 points d’écart) et cette différence un peu surprenante pour deux territoires ayant des populations présentant de nombreuses analogies mériterait d’être  analysée.

Au terme de ce tour d’horizon, bien des questions se posent : pourquoi le recours à l’IVG est-il aussi massif dans les DROM et en Guadeloupe en particulier ? Quels freins ou quelles failles empêchent la contraception de jouer pleinement son rôle préventif ? La prise en charge à 100% de l’IVG et des actes médicaux associés par la sécurité sociale influence-t-elle les comportements et les choix ? L’information sur la contraception est-elle insuffisante, inadaptée ou encore mal ciblée ?  

Il faut espérer que réforme de la Constitution visant à stabiliser, pour ne pas dire sacraliser, le droit à l’IVG par un ajout à l’article 34 d’un alinéa aux termes duquel « la loi détermine les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté garantie  à la femmes d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse » n’aura pas pour effet de reléguer au second plan la contraception. La prévention des naissances non désirées par l’IVG ne doit pas occulter la prévention de la  grossesse par la contraception.

Danièle DEVILLERS

           

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