LE DUEL EN GUADELOUPE

Le dernier duel de France

Le 21 avril 1967,  il y a plus de 57 ans, le maire de Marseille Gaston Defferre et le gaulliste René Ribière croisaient le fer. Un combat pour l’honneur, malgré la désapprobation de De Gaulle.

Le dernier duel de France

Le 21 avril 1967,  il y a plus de 57 ans, le maire de Marseille Gaston Defferre et le gaulliste René Ribière croisaient le fer. Un combat pour l’honneur, malgré la désapprobation de De Gaulle.

Gaston Defferre, ici de face, a touché par deux fois son adversaire à l’avant-bras, ce qui a fait de lui le vainqueur

Au moment de la désinformation vulgaire de l’anonymat des réseaux sociaux où  le code du déshonneur, du mensonge,  supplante celui de l’ honneur. Votre serviteur, le scribe,  souvent outragé, doit – il regretter  la pratique du duel sur la preuve de la vérité. Et  laver ce qui lui reste encore « d’honneur » Et punir l’effronté ?

En la circonstance, c’est avec grand intérêt que  j’ai relu l’ouvrage de  François Guillet, « La mort en face. Histoire du duel de la Révolution à nos jours ». Et admiratif, avoir  surtout et  beaucoup retenu de l’excellent ouvrage de notre compatriote, Harry MEPHON.

Les pratiques de duels en Guadeloupe par Harry MEPHON(Extraits)

L’intérêt que suscite le duel est de nos jours loin de nos préoccupations quotidiennes. Pourquoi s’intéresser au duel et surtout en Guadeloupe ? Quel intérêt porter à ces combats singuliers qui renvoient souvent notre imaginaire à des épopées médiévales violentes ? Sommes-nous en présence d’un sujet d’histoire ? Si oui ! Un grand sujet d’histoire pour certains doit remplir trois conditions : que le phénomène étudié ait en son temps intéressé suffisamment de personnes, qu’il ait assez duré pour s’inscrire dans une continuité et laissé une trace dans la mémoire ou dans les mœurs enfin, que sa nouveauté apporte une contribution tant à la connaissance du sujet qu’à l’intelligence de l’histoire générale. ( Harry MEPHON)

  Le duel est  un combat entre deux individus à armes égales pour prouver soit la vérité d’une cause disputée, soit la valeur, soit le courage, l’honneur de chaque combattant.

« L’offense se définit comme « toute parole, tout écrit, tout geste, tout corps, blessant l’amour propre, la délicatesse ou l’honneur d’un tiers ».L’offense est personnelle et ne peut être relevée que par celui qui l’a reçue. Un fils peut se substituer à son père si celui-ci est trop faible, un neveu à son oncle. L’offense adressée à une famille ne peut être vengée que par le membre de cette famille.

Les témoins

 Ils sont deux proches des duellistes. Ils doivent faire preuve de tact, de sérieux, de réflexion. Ils possèdent la confiance de leur mandant. Ils connaissent la science des armes ; ils ont assisté ou ont pris part à un duel. Ils sont formés à l’idée de conciliation. Les deux témoins demandent réparation en lieu et place. Ils ne doivent jamais se produire après un délai de 24 heures. La réponse doit se faire dans les mêmes délais.

Ne peuvent être témoins : les personnes ayant participé à l’offense ou les parents à un premier degré. Les témoins de l’offensé doivent se rendre chez l’offenseur pour lui demander les noms de ses témoins.

LES DUELS EN GUADELOUPE

SOUS L’ANCIEN RÉGIME: les duels sont l’apanage des blancs.

. La période révolutionnaire au second empire : les possibilités d’affrontements des hommes de couleur .  Le cas du chevalier de Saint-Georges occupe une place particulière dans la problématique des duels.

Son statut social lié à sa race (c’est un mulâtre) lui donne tous les prérogatives pour faire des duels (provocations et vexations racistes) mais en même temps lui refuse (les fils d’esclave ne pouvaient pas être anoblis).

La trajectoire de Joseph de SaintGeorges illustre la position des hommes de couleur pour le maniement des armes et les affrontements : ils sont sans cesse en train de prouver leurs talents que leur statut social limite.

APRÈS L’ABOLITION : le duel se démocratise.

 En 1882, à la suite d’articles parus dans le Progrès, Louis Vitrac secrétaire de la chambre d’agriculture à Pointe-à-Pitre affronta Auguste Isaac. Oruno Lara relate un autre duel au fusil en 1892 aux Abymes de Pierre Stéphanne, Noir partisan de Légitimus contre Léon Julien Belfort un mulâtre. « Pour des motifs politiques suite à une altercation. »  Était-ce simplement un duel entre deux hommes qui s’étaient injuriés ? Non c’étaient le heurt de deux classes, de deux races, dont l’une, superbe parce que puissante et riche, nourrissait l’espoir de terrasser l’autre.

Les duels vont se perpétuer jusqu’aux années 1900.

 Le Duel Labrousse-Jean-François ». Le sous-titre est intéressant et traduit les représentations de l’époque : « Les mulâtres ne doivent pas s ’entretuer.

 Le début du XXe siècle en Guadeloupe est marqué par des profondes transformations, liées aux avancées sociales de la troisième République.

 Une plus grande égalité, et la reconnaissance de droits aux Noirs vont modifier les luttes sociales et surtout vont faire apparaître de nouveaux types d’affrontements : la grève, la poussée du syndicalisme, les partis politiques, la justice, le sport. Peu à peu le sens de l’honneur fortement présent dans les classes dominantes et développé dans les duels va être supplanté à d’autres valeurs. Le vingtième siècle va construire avec d’autres types d’hommes. Cependant les duels se retrouvent sous une forme euphémisée à travers la pratique sportive et traduisent ainsi, les premiers types d’affrontements sportifs dans la colonie autour du défi et du sens de l’honneur fortement incorporés et ancrés dans les habitus

 DURIZOT JOCELYN

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