Les vacances ce n’est pas pour tout le monde.

Comme nous l’avions évoqué la semaine dernière, les vacances ce n’est pas pour tout le monde. Si, on le comprend, la nature et la planète ne prennent pas de congés. Pour la politique, ce serait même un contre-sens.  Mais, c’est également le cas pour nombre de concitoyens. Soit qu’ils exercent dans des secteurs qui vivent leur haute saison comme les activités de loisirs, soit qu’ils exercent dans les domaines de la sécurité physique ou sanitaire. Il est sûr qu’il existe bien d’autres contraintes qui font que certains doivent travailler plus durant cette période spéciale.

C’est par exemple le cas pour nos députés fraîchement élus. Ils sont depuis deux semaines mobilisés sur la mise en place de la nouvelle assemblée mais aussi sur celle du nouveau gouvernement. Car exceptionnellement, le parlement est convoqué en session extraordinaire à partir de ce mardi 5 juillet. Le point le plus important de l’ordre du jour de cette session, c’est la déclaration de politique générale de la première ministre Elisabeth BORNE. Et la première ministre qui a appelé à ne pas rompre le fil du dialogue n’a, pour autant, pas bougé d’un iota son programme.  Autant dire une main de fer dans un gant de velours. Sa stratégie est d’obtenir la confiance texte après texte. Du coup, elle n’a pas sollicité le vote de confiance de l’Assemblée. Les principales annonces satisfaisant tantôt la droite, tantôt la gauche et même les deux, sans oublier  les Républicains,  portent sur la baisse des impôts avec la suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée et de la redevance télé.

Doublement du temps de présence des forces de l’ordre sur le terrain. Recrutement de 8500 personnels de justice et 15.000 places de prison supplémentaires. 50.000 infirmiers et aides-soignants. Poursuite de la réforme des retraites.  Nationalisation d’EDF dont le cours a aussitôt bondi.

Nos députés auront également à plancher sur plusieurs projets de loi comme celui sur le pouvoir d’achat ou encore sur la sécurité sanitaire avec la lutte contre la reprise épidémique du Covid-19. Autre gros morceau, l’étude et l’approbation de la loi de finances rectificative 2022 et aussi des comptes 2021. Autant dire que leur mois de juillet sera bien chargé et scruté à la loupe.

Mais ils ne seront pas les seuls élus à devoir cravacher. On devrait en effet très rapidement mobiliser tous les élus locaux autour du Congrès des élus. À l’ordre du jour, une nouvelle fois, la sempiternelle question institutionnelle et peut-être aussi la question statutaire. Rappelons que la plateforme de propositions que les élus avaient transmise à l’ancien gouvernement à la suite des évènements de novembre comportait clairement une proposition de revoir nos institutions afin de les rendre plus efficaces avec des prérogatives plus claires pour tous. Actuellement le mille-feuille administratif avec nos 32 communes, six EPCI, le Département, la Région auxquels viennent se surajouter l’État et l’Europe, alourdit significativement tout projet d’aménagement transversal ou toute disposition qui mettrait en cause l’un ou l’autre de ces échelons administratifs. Et il faut le dire tout de suite ce n’est pas parce qu’il n’y a pas d’élections locales avant quatre ans qu’il faut prendre son temps. Nous avons derrière nous, de nombreuses études, réunions, projets, congrès qui ont déjà cerné les contours d’une bonne gouvernance locale. Alors, s’il faut modifier, modifions. S’il faut clarifier, clarifions. Après la séquence électorale qui a réélu Emmanuel Macron, celui-ci sait pertinemment que sa politique a été massivement rejetée dans tout l’Outremer. Les leçons doivent être tirées. Confucius a raison. Après une faute, ne pas se corriger, c’est là, la vraie faute. La nomination de l’ancien préfet de Guadeloupe Jean-François CARENCO se place bien dans la perspective de renouer avec les populations d’Outre-mer. Il déclarait d’emblée « j’ai bien entendu l’appel de Fort de France du 17 mai dernier ». Marquant ainsi sa volonté de prendre en compte les revendications tant sur la question du niveau de vie, du chômage que sur la question posée par cet appel sur les nouvelles relations qui devront s’établir entre les outremers et Paris. Le ministre délégué et son ministre de tutelle Gérald DARMANIN, se sont d’ailleurs déjà rendus à l’île de la Réunion cette semaine.

Pour autant, nos élus ne devront pas se contenter de réclamer plus de compétences ni plus de considération. Le respect ça se procure et dans les faits. Ils devront surtout prouver qu’ils sont en capacité d’exercer au plus haut point de nouveaux pouvoirs, au seul bénéfice des populations. Il faudra réellement dépasser les querelles de ti-kok, des logiques de  la partitocratie, qui n’ont jamais rien engendrer de bon pour la Guadeloupe. Savoir faire passer l’intérêt supérieur du pays Guadeloupe avant l’intérêt personnel voire celui de corporations, même bien organisées, sera l’un des principaux challenges à surmonter pour nos élus s’ils veulent retrouver leur crédibilité de dirigeants.

L’État, engagé sur les questions Européennes et la guerre en Ukraine, ne se laissera pas compter si ses interlocuteurs locaux ne sont pas à la hauteur des exigences de la tâche. Quelle que soit la situation politique, il faut établir un rapport de force en mettant dans la balance nos atouts tant géopolitiques, maritimes et humains. Car rien ne nous sera jamais donné. Et rien n’est jamais définitivement acquis. Kòk a tè sé pou bat !

Rodes Jean-Claude.

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