29 août 1793 Proclamation de l’abolition de l’esclavage dans la partie Nord de Saint-Domingue.
Extraits AU NOM DE LA RÉPUBLIQUE PROCLAMATION
Sonthonax
Nous, LÉGER-FÉLICITÉ SONTHONAX, commissaire civil de la République, délégué aux îles françaises de l’Amérique sous le vent, pour y rétablir l’ordre et la tranquillité publique. LES HOMMES NAISSENT ET DEMEURENT LIBRES ET ÉGAUX EN DROITS : Voilà, citoyens, l’évangile de la France ; il est plus que temps qu’il soit proclamé dans tous les départements de la République.
Envoyés par la Nation, en qualité de commissaires civils à Saint-Domingue, notre mission était d’y faire exécuter la loi du 4 avril, de la faire régner dans toute sa force, et d’y préparer graduellement, sans déchirement et sans secousse l’affranchissement général des esclaves.
A notre arrivée, nous trouvâmes un schisme épouvantable entre les blancs qui, tous divisés d’intérêt et d’opinion, ne s’accordaient qu’en un seul point, celui de perpétuer à jamais la servitude des nègres, et de proscrire également tout système de liberté, et même d’amélioration de leur sort. Pour déjouer les malintentionnés, et pour rassurer les esprits, tous prévenus par la crainte d’un mouvement subit, nous déclarâmes que nous pensions que l’esclavage était nécessaire à la culture.
Nous disions vrai, citoyens, l’esclavage alors était essentiel, autant à la continuation des travaux, qu’à la conservation des colons. Saint-Domingue était encore au pouvoir d’une horde de tyrans féroces qui prêchaient publiquement que la couleur de la peau devait être le signe de la puissance ou de la réprobation
Aujourd’hui, les circonstances sont bien changées ; les négriers et les anthropophages ne sont plus. Les uns ont péri victimes de leur rage impuissante, les autres ont cherché leur salut dans la fuite et l’émigration. Ce qui reste de blancs est ami de la loi et des principes français. Ne croyez cependant pas que la liberté dont vous allez jouir, soit un état de paresse et d’oisiveté. En France, tout le monde est libre, et tout le monde travaille ; à Saint-Domingue, soumis aux mêmes lois, vous suivrez le même exemple. Rentrez dans vos ateliers, ou chez vos anciens propriétaires, vous recevrez le salaire de vos peines vous ne serez plus assujettis à la correction humiliante qu’on vous infligeait autrefois ; vous ne serez plus la propriété d’autrui ; vous resterez les maîtres de la vôtre et vous vivrez heureux. (…);
Au Cap, le 29 août, l’an deuxième de la République française.
SONTHONAX.Par le commissaire civil de la République.