Notre pays traverse une crise morale sans précédent créant une insécurité insupportable.

Nous étions habitués lors des précédentes campagnes électorales — pour la présidentielle — à un jeu simple. Dans les années 80 et 90, il y avait en gros quatre forces qui s’affrontaient. D’un côté la droite et le Centre. De l’autre côté les socialistes et l’extrême gauche. Au second tour, c’était quasiment joué d’avance. On avait droit à un duel Droite/PS. Et cela était d’autant plus marqué, que le président élu devait non seulement remporter ce second tour, mais également s’assurer de disposer dans la foulée, d’une majorité à l’Assemblée Nationale, pour pouvoir gouverner. Ceci est devenu encore plus vrai avec l’instauration du quinquennat qui limite la possibilité d’avoir une co-habitation. De cette configuration “ classique ”, il en ressortait un président doublement légitimé par la majorité “ présidentielle ”. Tel un ersatz du père de la nation il est le dernier recours pour fédérer et renforcer la cohésion de la nation quand le pays submergé,  prend de l’eau de toute part. C’est l’image qu’a incarnée le fondateur de la 5ème République, le général De Gaulle. Cette stature présidentielle a été fort mise à mal par les deux derniers présidents. Par les “affaires”, l’étalement de la vie privée voire intime sur la place publique ou la perte de crédibilité. Et voilà les Français orphelins de cette institution tombée de son piédestal. Il suffit de constater que François HOLLANDE parce qu’il est non rééligible  devient brutalement  populaire. Ce président, dont tout le monde moquait les sondages ridicules – autour de 13 % d’opinions favorables,  vient de bénéficier d’un rebond historique, gagnant jusqu’à 20 points d’un coup (Ipsos pour Le Point).

Où va la France? Une question récurrente qui se pose toujours lors de l’élection à la magistrature suprême. Une question à laquelle  seul, véritablement le nouveau président de la République pourra d’ici 2 mois répondre. C’est un fait. En l’état des rapports de forces, des révélations sulfureuses et  à rebondissements. Des alliances incertaines et de leur “marchandage”,  jamais, à quelques encablures des échéances, une élection présidentielle, n’eut été aussi incertaine.

Pire, la question que tout le monde évite pour l’instant de poser est de la capacité à gouverner des certains candidats. Avec quelle majorité à l’assemblée, Marine LEPEN ou Emmanuel MACRON pourront-il  imposer leur programme, s’ils sont élus. Seront-ils en mesure de disposer d’une vraie majorité unie et solidaire qui appliquera leur programme. Concrètement, le FN national pourrait-il faire adopter une sortie de l’Euro s’il venait à gouverner avec une partie de la droite. Macron qui ne dispose d’aucun appareil électoral saura-t-il faire adopter ses mesures à la fois par les centristes et les socialistes qui le soutiennent ? Ces questions du troisième tour demeurent problématiques.

Autant dire que pour l’heure c’est la bouteille à encre. Et les nombreuses affaires qui plombent la campagne de la droite et même un peu de l’extrême droite risquent de rendre encore plus obscure la boule de cristal des politologues. Ni la Presse accusée de tous les maux, ni les sondages qui se sont souvent “ Trumpés ”, ni les marabouts et autres manti-mantè,  ne peuvent être catégoriques sur le futur vainqueur.

Les borgnes dit-on,  sont rois au royaume des aveugles. Nous ne sommes pas borgnes. Mais vu la pertinence de nos analyses  beaucoup, en matière de prévisions électorales nous  sollicitent. Leur encouragement m’autorise humblement  à penser ce que le cardinal Jean-Sifrein Maury (1746-1817 lançait à l’encontre de son confrère de l’Académie Regnaud de Saint-Jean d’Angély, “ Je vaux très peu quand je me considère, beaucoup quand je me compare ”.

Plus sérieusement, si l’avenir n’appartient qu’à Dieu, cela n’a jamais empêché les hommes de spéculer en ajoutant leur grain de sel. C’est dire que le visage de la France, se dessine maintenant. Certes dans la fureur et la confusion avec les déballages médiatiques si éloignés du quotidien de la population. Certes avec  les futures alliances  qui se préparent entre les partis.

En outre on constate alors que le verdict des urnes est si proche, les difficultés qu’ont les candidats à établir un programme. Un programme qui fait rêver les uns sans heurter les autres. C’est pour cela que nous avons beaucoup de mal à comprendre chez nous  l’empressement de personnalités, d’hommes et de femmes politiques, à soutenir un candidat sans au préalable  négocier un programme pour la Guadeloupe. A l’heure des ambitions strictement personnelles et de petits pouvoirs, notre pays compte toujours près de 60% de chômeurs chez les jeunes. Notre pays traverse une crise morale sans précédent  créant une insécurité insupportable. Tout un chacun à travers les questions, comme les réponses reconnait la faillite des gouvernements de droite et de gauche.

La marche de l’histoire ne se fait pas à reculons. Préparons 2017 en pensant à 2030. Autres temps, autres mœurs, autres défis. Nous ne sommes pas les seuls à le dire. Oui, il  faut rompre avec les schémas inadaptés à nos réalités, et à nos attentes. C’est à une révolution des savoirs, des  savoirs-être et  savoirs-faire que nous appelons.

L’heure est donc à l’innovation. A l’utopie créatrice,  à l’unité. Et à notre intelligence collective. Oui en Guadeloupe, nous avons le potentiel et les capacités à créer notre futur. Mais en avons-nous la réelle volonté ?

Rodes Jean-Claude.

Facebook
Twitter
LinkedIn
WhatsApp

Derniers actualités

Retour en haut