Que notre pays devienne enfin un pays de droit.

Mal connaître un objet, disait Camus, c’est ajouter au malheur du monde. Le malheur de notre pays c’est cette incapacité de s’accorder utilement sur les répartitions des pouvoirs et des solutions à prendre pour pallier aux manquements graves de ceux (Etat, collectivités majeures, communautés de communes ou d’agglo et autres  EPCI….)  qui, par des décisions iniques, portent gravement atteinte au quotidien des populations. Mais aussi au développement économique du pays et l’image même de la démocratie.

L’actualité politique tant en Catalogne, qu’en Corse, mais aussi chez nous avec les barons et baronne de l’eau,  entre autre,  montre l’opposition de deux institutions reconnues par la constitution, mais qui ont du mal à s’accorder sur leurs compétences. N’hésitant pas, par des décisions iniques, à prendre en otage la  légalité et le bien-être des populations. Des vanités politiciennes ont-elles le droit d’entrainer impunément une population dans l’impasse ?

A l’analyse, le  télescopage des compétences est le propre même des pays ayant une organisation décentralisée. C’est le cas des fédérations ou confédérations, où les états,  les régions,  les provinces, disposent d’une plus ou moins grande autonomie, pouvant ébranler le pouvoir central, souvent conduit, pour sortir du conflit, à faire des compromis. Notons cependant, que pour sauvegarder l’unité du pays, la justice sociale, la cohésion nationale, que le pouvoir central n’abandonne jamais ses compétences en matière de justice, de monnaie, de puissance coercitive (armée, police) ni même d’affaires étrangères.

Tout cela pour dire que les citoyens Guadeloupéens qui subissent la tyrannie de chef de village, concernant l’eau et autres rackets, a du mal à comprendre l’inertie de l’Etat, et le silence assourdissant de la justice. Pourquoi l’Etat laisse-t-il faire ? Son rôle premier n’est-il pas la protection des citoyens ? Que fait la justice qui a été saisie par plusieurs associations et mis en examen des supposés complices ? Que fait le peuple alors que les médias depuis près de 20 ans, par moult investigations, dénoncent l’inacceptable ? Un état démissionnaire n’est pas un état responsable. Il n’est plus protecteur. Sa faiblesse nous fragilise. Un État démissionnaire  abîme l’identité de la nation, ne maîtrise plus la sécurité des personnes. C’est un État qui ne rime plus à rien. Il est vrai que l’apathie de la société civile paraît déroutante.

Saluons cependant le courage et la lucidité  de nos parlementaires, alors qu’ils ne sont pas inscrits dans le même parti politique et qu’ils ne nourrissent pas les mêmes ambitions personnelles, dénoncent tous ensemble, le scandale de l’eau. Ils ont ici bien raison, nos défenseurs et représentants du peuple au parlement en  dénonçant la complologie  abjecte de ceux qui se complaisent dans l’immobilisme. Car l’intérêt du pays doit toujours primer. 

Nous appelons ici à un gouvernement ouvert, à une  démocratie ouverte (en anglais open government). Pour rappel la démocratie ouverte  est une doctrine de gouvernance qui vise à améliorer l’efficacité et la responsabilité des modes de gouvernance publique. Elle établit que les citoyens ont le droit d’accéder aux documents et aux procédures de leurs gouvernements afin  de donner aux citoyens les moyens nécessaires pour contrôler, superviser et prendre part aux décisions gouvernementales et locales. La démocratie ouverte vise à promouvoir : la transparence, comme garant de la confiance entre citoyen et politique.

La nouvelle année, c’est le moment des résolutions, des voeux et ce dans plusieurs domaines. Que notre pays devienne enfin un pays de droit. Où tous les citoyens sont égaux devant la loi. Prenons de bonnes résolutions pour 2018 dont la dénonciation de toutes les incompétences et de la tyrannie. Résistons à l’oppression. En droit, une résolution est un anéantissement rétroactif d’un acte juridique pour cause d’inexécution ou de mauvaise exécution. Il est peu de dire qu’en matière de distribution de l’eau, il y mauvaise exécution.

La résistance à l’oppression est le dernier des quatre droits naturels et imprescriptibles garantis en France par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, dans son article 2, avec la liberté, la propriété et la sûreté. C’est une réaction de défense des gouvernés contre les excès commis par leurs gouvernants. C’est une réaction des individus contre des groupes qui les oppriment, légalement ou non.  Et si il est légitime, comme le pensent certains de mes confrères, que ce sont les élus Guadeloupéens qui doivent gérer et régler le problème de l’eau, devront-nous attendre encore 10 ans que les incompétents fassent le boulot ? Non, lorsqu’il y défaillance d’un niveau de décision, il faut en référer au niveau supérieur. En l’occurence, l’Etat doit reprendre la main car notre population n’en peut plus d’exiger de pouvoir bénéficier d’un service essentiel : avoir de l’eau dans les robinets.

Jean-Claude Rodes .                                    

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