Regard sur la société En Guadeloupe.

Co-construire ensemble un avenir synonyme de progrès 

Par Engebert VALLUET 

Si le progrès est considéré comme un pas en avant vers le mieux-être, comment expliquer nos insuffisances au moment où sont célébrées des innovations dans tous les domaines ?

Un projet de développement économique et social prenant en compte les potentialités de la Guadeloupe doit être co-construit et mis en œuvre pour parvenir à une société épanouie

A l’issue de crises et mouvements sociaux, des Antillo-Guyanais ont souvent initié des projets qui n’ont pas trouvé une traduction concrète, rimant avec progrès social pour une société nouvelle et apaisée. 

Certains départements se sont transposés en collectivités territoriales sans aucune transformation réelle, malgré des compétences renforcées. En revanche, ils présentent toujours les mêmes retards de développement structurel, déficit d’équipements, faussées dans les traitements sociaux. Les Antilles françaises sont en situation de rattrapage social depuis 1946. 

La réalité économique de ces territoires se détériore. Conséquence : une dégradation du climat social qui submerge les responsables locaux, ces derniers n’étant pas à la hauteur des enjeux. Plus que jamais une démarche prospective s’impose à nous comme axe vertueux ouvrant le champ des possibles à la pensée et à l’action. 

Pour un développement réussi

Instaurer un espace de dialogue social permettrait d’aborder les différentes propositions, dans l’esprit d’un équilibre des pouvoirs. Le déficit de communication favorise le maintien du climat délétère local. 

Les tiraillements, la guerre des égos, le manque de lisibilité sur les prochaines années et le faible niveau d’engagement pour le collectif hypothèquent d’emblée un futur serein. En effet, l’une des solutions est que l’ensemble des acteurs de la Guadeloupe co-construisent un projet de développement économique, soutenu par un Projet Social de Territoire (PST). Objectif : répondre aux enjeux par un plan d’actions concertées prenant en compte prioritairement les secteurs en crise (eau, transports, déchets, sanitaires, environnement). 

Il convient de s’interroger sur la transformation de notre rapport avec la mère patrie et le rôle que nous devrions jouer dans notre bassin de vie, afin de créer de la richesse, de mieux la distribuer, et ainsi espérer un apaisement social, condition sine qua non de toute croissance durable.

Un changement de modèle économique, soutenu par un plan massif de rattrapage  dans tous les secteurs d’activité, est plus que jamais d’actualité. La puissance publique ne peut plus assurer à elle seule le rôle de moteur du développement local. Le génie des entreprises locales, l’innovation dans divers secteurs et l’accompagnement financier du développement doivent être des éléments considérés dans la stratégie finale. 

Par ailleurs, le volet éducation doit occuper une place importante dans le projet :

  • planifier l’éducation pour un engagement de la jeunesse
  • diversifier l’enseignement postsecondaire et mieux orienter pour répondre aux besoins du PST. 

Pour une société épanouie

Un des facteurs principaux du progrès social est l’adhésion de la population à la finalité de la démarche, parce qu’elle y voit un intérêt pour son propre épanouissement. La croissance attendue doit permettre de faire retomber la tension sociale, d’améliorer de manière significative le bien-être du collectif, clef de voûte de la nouvelle société que nous devons construire ensemble.

Nous vivons dans un archipel approprié par un groupe social de plus en plus divisé, fracturé, mais condamné à vivre ensemble pour assurer sa reproduction et la satisfaction de ses besoins vitaux. De plus, l’instabilité mondiale, marquée par le repli de la démocratie, instaure un sentiment d’insécurité. La vie chère plombe encore plus le moral de nos concitoyens et installe un manque de confiance en l’avenir. Cette situation touche doublement la Guadeloupe et engendre des inégalités, de l’injustice sociale et parfois une violence d’Etat. Il est difficile dans de tels cas de parler de progrès et de société apaisée.

Cependant, nous devons agir au plus vite et réinventer un modèle dans lequel le Guadeloupéen prouverait sa capacité à transcender son appartenance et ses intérêts pour exercer la suprême liberté de former ensemble une nouvelle société.

Engebert VALLUET

Propos recueillis par DURIZOT JOCELYN 

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