Tous les autres candidats sont d’ores et déjà irrémédiablement hors course.

Nous sommes dans la dernière ligne droite du premier tour des élections présidentielles. Naguère le dicton « au premier tour on choisit, au second tour on élimine » peine aujourd’hui à s’appliquer pleinement. En effet selon les dernières enquêtes sur les intentions de vote, les électeurs semblent avoir tendance à vouloir dès ce dimanche, éliminer ceux qui n’ont aucune chance de gagner. Peut-être l’application prématurée du vote utile. Ainsi, deux candidats se détachent, Marine LE PEN et Emmanuel MACRON, tandis qu’un troisième reste en embuscade. Il s’agit de Jean-Luc MELENCHON surfant sur le pouvoir d’achat et les inacceptables inégalités pour flinguer, l’ultra libéralisme et les «  fachos ». Il espère ainsi toujours rattraper son retard et coiffer au poteau la candidate de l’extrême droite.

Tous les autres candidats sont d’ores et déjà irrémédiablement hors course. Certains semblent d’ailleurs s’être résignés au point d’évoquer déjà leur positionnement pour le second tour. D’autres envisagent déjà avec leur parti, les élections législatives.

Il faut dire comme nous l’écrivions la semaine dernière, que cette campagne électorale ne ressemble à aucune autre tant le contexte est différent. L’intrusion de la guerre en Ukraine, qui survient après deux années de crise sanitaire, a, sans aucun doute, occulté plusieurs des préoccupations essentielles des Français. En 2017, l’un des principaux critères sur lesquels avaient été jugés les candidats était la question du chômage. C’est d’ailleurs pour cela que le président sortant de l’époque, François HOLLANDE, avait choisi de ne pas se représenter faute d’avoir réussi à renverser la tendance. Aujourd’hui, le gouvernement sortant aurait pu se targuer d’avoir ramené le taux de chômage à l’un de ses plus bas niveaux historiques depuis trente ans. Pourtant, cette question du chômage est quasiment passée à la trappe au profit de la question du pouvoir d’achat. Il faut dire que l’inflation qui commençait lentement à augmenter depuis la crise Covid a carrément explosé en l’espace de deux mois avec le conflit Russo-Ukrainien.

L’augmentation des prix — et pas seulement de l’énergie — a retrouvé des niveaux dignes des années quatre-vingt. C’est donc devenu en France et ailleurs une question au centre des préoccupations des populations, et pas seulement des plus modestes, car s’y ajoutent  également les premières pénuries sur de nombreux produits de première nécessité. En Guadeloupe aussi, certains rayons demeurent vides, ce qui peut conduire, on l’a vu, à des comportements irrationnels et hystériques des consommateurs dans les supermarchés. Phénomène déjà observé dans plusieurs pays. N’y avait-il pas eu au Canada et aux États-Unis de véritables razzias opérées sur le papier toilette au début de la crise Covid ?

Pour autant lorsque l’on prend lecture des programmes des douze candidats, cette question survenue tardivement dans les débats n’apparaît pas en première position. Certains mettent en avant les questions sécuritaires en amalgame avec l’immigration. Toujours une obsession de la droite extrême. 

D’autres lorgnant vers les classes défavorisées et des « déclassés » font de l’augmentation du SMIC l’alpha et l’oméga de leur politique plutôt sociale qu’économique. Ce qui d’ailleurs (on l’a vu dans le passé), peut provoquer un cycle infernal inflationniste. Une brusque augmentation du SMIC en période d’inflation engendrant une augmentation générale des salaires alimentant elle-même une augmentation des prix.

Même la question écologique que tous veulent reprendre à leur compte n’a jamais fait l’objet de confrontations d’idées sur les coûts et avantages des différentes options au moment où le GIEC tire de nouveau la sonnette d’alarme sur l’urgence absolue de lutter contre le réchauffement climatique et ses conséquences qui seront dévastatrices.

Toutes ces questions renvoient à une réflexion éminemment géopolitique sur les articulations d’échelles, les jeux d’acteurs dans l’espace, la conception de projet de territoire cohérent sur les plans politique, économique et social. La question également du rôle et de la place de l’Union européenne sur la scène mondiale vis-à-vis des États-Unis, de la Chine et maintenant de la Russie. Comme la remontée sur le devant de la scène de la question autonomiste en Corse, peut-on assister à un renversement des rapports aux territoires, en particulier en outre-mer. Ces questions de l’organisation administrative qui nous concerne au premier chef sont, elles aussi, tombées aux oubliettes de cette campagne. Même les candidats qui ont pris la peine de venir en Guadeloupe ont éludé ces questions. Il est vrai, comme le disait déjà un ministre de Louis XV «quand il y a le feu en la demeure, on ne s’occupe pas des écuries ».

Surtout que notre économie insulaire n’a rien à voir avec une économie continentale tant pour l’autonomie énergétique, la gestion des transports internes et externes, la transition numérique ou la lutte contre les impacts du réchauffement climatique comme les sargasses.

Autant de questions que les Guadeloupéens auraient sans doute bien voulu voir aborder au cours de cette campagne très particulière. Mais faudrait-il encore qu’ils s’accordent au moins sur l’essentiel, donnant sens à un destin commun ?  A  des projets collaboratifs réalistes, au service de notre peuple!

Rodes Jean-Claude.

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