Vaut mieux tard que jamais ! Le mardi 11 octobre, les députés ont approuvé, à une large majorité en première lecture le projet de loi sur l’égalité réelle outre-mer.

Vaut mieux tard que jamais ! Le mardi 11 octobre, les  députés ont approuvé, à une large majorité en première lecture le projet de loi sur l’égalité réelle outre-mer. Le texte, qui doit maintenant être débattu au Sénat, a été approuvé par 314 voix, 140 contre et 29 abstentions dont celle du président de Région Ary Chalus.

Tous les groupes de gauche et l’UDI ont voté pour, alors que les élus “Les  Républicains” ont  émis  un vote sibyllin, énigmatique, dont seul les politiques ont le secret, puisque qu’ils l’ont qualifié de  “négatif d’encouragement ”, selon la formule de leur orateur, Philippe Gosselin.

La période électorale ne se prête pas à des analyses sereines. La  période électorale a toujours été celle des peaux de banane, de la désinformation et chez nous du fannkyou.  Notons que le  projet de loi, a comme objectif  le  rattrapage avec l’Hexagone  en dix ou vingt ans. Ce plan serait décliné ensuite en “contrats de convergence” de six ans entre Etat et collectivités locales, avec objectifs “contraignants” et “contrôles” sur l’avancée. Il s’agira d’abord d’établir un diagnostic, en définissant des indicateurs spécifiques à chaque territoire (décrochage scolaire, chômage, mortalité infantile, etc.), puis localement les mesures en découlant.

Notons que le gouvernement a donné son feu vert à plusieurs mesures sociales comme l’application dans les mêmes conditions que dans l’hexagone des prestations familiales pour les travailleurs indépendants, l’alignement progressif des taux et plafonds de ressources du complément familial ou une extension de l’assurance-vieillesse des parents au foyer permettant de bénéficier de points retraite supplémentaires.

Les députés ont également prévu d’expérimenter la scolarité obligatoire de 3 à 18 ans (au lieu de 6 à 16 ans) dans les DOM à compter de la rentrée 2018 ou de créer une aide au retour pour les Ultramarins dans les cinq ans après une formation. Une autre mesure qui ne devrait pas déplaire à nos sendikalys est la reconnaissance de la représentativité des syndicats locaux dans tous les organismes paritaires.

Notons enfin, que pour “réussir” ce grand défi, une consultation participative pour recueillir l’avis des Guadeloupéens sur l’Égalité Réelle a été mise en place par l’ancienne ministre, la guadeloupéenne George Pau-Langevin. Pour une première inaugurant la démocratie participative, la campagne fut  ouverte à tous les citoyens qui ont voulu accorder de leur temps et partager leur vision et leurs attentes.

Quand il s’agit de réparer une injustice, une discrimination institutionnelle,  une injure, un dommage…, quand on n’a pas les moyens d’imposer un rythme plus rapide, à ceux qui décident de nos destins et pas seulement par des lois, mieux vaut tard que jamais. Même si tout n’est pas encore parfait, il y a lieu de se réjouir, pour ceux qui viendront après nous. Le sage dirait que ce qui est pris n’est plus à prendre.

On peut comprendre les questions de principe qui affirment que nous sommes français et que donc nous n’avons pas besoin d’“égalité réelle”. Oui, mais la réalité est là. Les différences sont bien réelles, et mesurables souvent en espèces sonnantes et trébuchantes. Mettons-nous en mémoire,  la révolution de 1789 clamant l’abolition des privilèges, l’égalité entre les hommes mais qui n’a acté la libération des esclaves que 5 ans plus tard, en 1794. Et encore grâce aux farouches  combats des nèg marrons.  Mettons nous en mémoire la 2ème loi  d’abolition de 1848, n’intervenant que 3 ans après celle créant la société protectrice des animaux en 1845.  La loi de Départementalisation de 1946 qui a maintenu un SMIC inférieur pendant 50 ans et dont plusieurs dispositions sociales ne sont toujours pas effectives 70 ans après. Une anarque de plus pour ceux qui s’interrogent encore sur l’humanisme de la France !  Et sa devise : Liberté- Egalité- Fraternité.

La réal politique ici (l’argent)  qui n’est pas la morale en politique, nous renvoie à ces mots terribles de Bertol Brecht : La colère contre l’injustice rend rauque la voix. Hélas, nous qui voulions préparer le terrain à l’amitié, nous ne pouvions être nous-mêmes amicaux.

Pensons aussi à  Delgrès, nôtre, et  à son sacrifice, dont le message ultime était destiné à ceux qui viennent, pour leur créer un sort meilleur !  C’est dans les plus beaux jours d’un siècle à jamais célèbre par le triomphe des lumières et de la philosophie qu’une classe d’infortunés qu’on veut anéantir se voit obligée de lever la voix vers la postérité, pour lui faire connaître lorsqu’elle aura disparu, son innocence et ses malheurs.

Tous les hommes, tous les gouvernements, tous les politiciens,  n’ont pas la même grandeur d’âme. La même conception de la liberté, de l’égalité et de l’estime de soi ! Tous les gouvernements n’ont pas les mêmes priorités surtout à l’approche des élections. Et contrairement à ce que prétendent certains, c’est souvent le bon moment pour extirper des mesures compensatoires à nos gouvernants. Ça sera toujours ça de pris !

Pensons donc à nos enfants. Halte aux postures et au populisme ! Il ne s’agit pas de cracher sur la loi Lurel mais d’être véyatif, de s’assurer en ce qui concerne notre territoire, la Guadeloupe, que les mesures soient effectivement financées, appliquées et contrôlées.  Que tous nos parlementaires, sans état d’âme, tirent le maximum de leurs prérogatives pour que nos droits dans les mêmes conditions que celles des Français de l’Hexagone soient enfin respectés.

Rodes Jean-Claude.

Facebook
Twitter
LinkedIn
WhatsApp

Derniers actualités

Retour en haut