Après des commémorations.

Après des commémorations réussies, l’heure est au présent et surtout à l’avenir. La question économique et plus particulièrement la question agricole, nous rattrape. Et ce d’autant que comme tous les îliens nous avons la hantise de l’autarcie. Tendre vers plus d’autonomie alimentaire et énergétique est un combat légitime.

Les environnements concurrentiels comme les techniques changent. Notre économie change donc jour après jour et, en ce sens, elle est toujours “nouvelle”.

Il faut revenir à ce que disait Alfred Sauvy (Démographe, économiste, Scientifique, Sociologue (1898 – 1990). “Le but de l’économie n’est pas le travail, mais la consommation”. A notre sens, il n’y a pas lieu d’opposer la production à la consommation.

C’est une évidence. Une production en économie marchande n’a de sens seulement que lorsqu’elle est vendue ! Et comment vendre s’il n’y a pas de production de qualité. D’où le slogan : producteur, consommateur, même combat !

Restons au principe de réalité qui renvoie à la faisabilité. Autrement dit, proposer quelque chose, sans s’assurer des conditions objectives de sa réalisation, relève de la pure propagande idéaliste, du bavardage improductif ou de la gesticulation aux buts non avouables !

Mais parler de production, de qualité, de commercialisation, sans au préalable s’interroger sur la défense des intérêts des producteurs, et aussi des consommateurs, relève de la pure tromperie, du pur désir ! Et conduit à un échec programmé. Devrions-nous encore rappeler ici, qu’un produit de qualité c’est d’abord un produit qui voyage moins. Production locale ! Consommez local, Protection de notre production ! Qui en disconvient ? Sinon ceux du port de Jarry et des lobbies de l’import non export.

Au moment des commémorations et des transmissions et pour que la mémoire ne tombe en jachère, rendons l’hommage mérité à feu Henri RODES, ami proche du grand patriote visionnaire, Rémy Nainsouta, agronome de son état. Henri RODES a eu à organiser les petits planteurs de toutes origines avec notamment Louis Lignières, pour résister aux lobbys et à la mainmise des grands békés sur la production bananière. Outre l’organisation de la production, son transport, il n’hésitait pas à quitter sa famille six mois dans l’année, pour assurer la commercialisation de la banane dans l’Hexagone ! Rien donc de surprenant que le Progrès Social fut le journal des paysans et des dockers du Sud Basse-Terre. Qu’on se rassure, l’indispensable irrigation de la Grande Terre et la conteneurisation de la banane, n’ont en rien empêché notre intérêt pour tout le secteur productif ! 

 C’est en ce sens, et dans ce même larel, que nous avions eu à féliciter Louis THEODORE pour sa large contribution dans la culture fruitière et notamment l’ananas. Il fut tout à fait naturel, que notre journal ait été à l’écoute de Louis THEODORE. En 2009, Jocelyn DURIZOT, notre rédacteur en chef, à ma demande, avait consacré un dossier sur les problématiques agricoles, après une visite chez ce producteur patriote et émérite. Ils avaient ensemble mis sur la table, et sans concession, les freins, attentes et objectifs à moyen et long terme pour la production agricole de la Guadeloupe !

Avec toute la conviction, l’expérience et la foi en son pays qui le caractérise, Louis THÉODORE avait rappelé  certains critères indispensables à la mise en œuvre de la conquête de notre marché intérieur. Ces critères portent encore sur la défense de l’environnement, la défense des intérêts des producteurs, la diversification, comme toutes les activités qui permettent d’y vivre et de s’épanouir. Egalement sur la garantie des produits en termes de régularité, de leur accessibilité aux consommateurs en qualité et en prix. Suite aux difficultés de l’IGUAVIE nous avions eu à prendre à nouveau l’expertise Louis Théodore le 26/05/16 avan soley lévé. Ces mêmes critères ont été réaffirmés.

Le Progrès Social est un journal inter-générationnel retraçant l’histoire de la Guadeloupe, ses combats, ses attentes, comme ses échecs, depuis plus d’un demi-siècle ! Combien d’articles consacrés dans nos colonnes, depuis 1959. Il serait ici fastidieux de les évoquer tous ! L’objectif est d’accompagner les systèmes de production vers une agriculture diversifiée, non spéculative, de qualité et de proximité, ouverte sur la société et intégrée au territoire. Une agriculture qui devrait se donner au moins trois objectifs : nourrir, préserver, employer. 

Nourrir, c’est la mission économique et sociale de l’agriculture. Préserver, car il faut confier aux générations futures un patrimoine nourricier en bon état. Employer, car la création d’emplois est devenue un enjeu majeur de nos sociétés.

Adopter cette devise devrait me semble-t-il, conduire les agriculteurs à affronter deux défis. Le premier est celui du droit au développement pour l’agriculture de nos terroirs et une prise en compte de nos handicaps (naturels, concurrences déloyales et dumping social de l’agriculture productiviste). Le second est de faire évoluer le métier d’agriculteur en intégrant des objectifs de performance qualitative globale portant à la fois sur le produit, sur le territoire et sur l’environnement social.

C’est dire aussi que reconquérir notre rapport à l’alimentation c’est participer à des initiatives de production, de transformation et de commercialisation, qui valorisent les métiers et les savoirs faire locaux. C’est savoir sortir des carcans administratifs, du code des marchés publics, pour faire jouer la solidarité au profit des producteurs locaux.

Produire donc pour produire, sans pouvoir transformer, commercialiser, exporter et vendre, n’a pas de sens. Sé chayé dlo an pannyé. Il s’agit de ne pas baisser les bras face à la bureaucratie et les normes imposées et maintenir vaille que vaille un partenariat actif, entre nos collectivités locales, la distribution, les filières de transformations et les consommateurs. Il s’agit, vous l’avez compris, de gagner. Ensemble !

RODES Jean-Claude.

Facebook
Twitter
LinkedIn
WhatsApp

Derniers actualités

Retour en haut