Instabilité ministérielle.

Fitch abaisse la note souveraine de la France à A+

La dette de la France, qui dépasse 3 000 milliards d’euros, reste sous la surveillance des agences de notation

Une agence de notation financière est un organisme chargé d’évaluer le risque de non-remboursement de la dette ou d’un emprunt d’un État, d’une entreprise ou d’une collectivité locale, et jamais d’un particulier..La France, comme la plupart des autres États, ainsi que les banques et les grandes entreprises, est tributaire de la notation financière des agences de notation dans le cadre de sa politique d’emprunt

La note souveraine de la France ?

L’agence américaine de notation Fitch a dégradé le vendredi 12 septembre, dans la soirée la note souveraine de la France, la faisant passer de AA- à A+. Cette nouvelle notation est assortie d’une perspective stable. Sa décision était redoutée. Fitch dresse un constat sévère de la situation des finances publiques dans la deuxième économie de la zone euro, quatre jours après la chute du gouvernement Bayrou et la désignation d’un nouveau Premier ministre, le troisième en un an.

Fitch  sanctionne ainsi   la France  pour son instabilité politique persistante et les incertitudes budgétaires qui contrarient l’assainissement de ses comptes publics très dégradés.

Pointant « la fragmentation et la polarisation croissante » de la politique, Fitch a estimé  dans un communiqué que « cette instabilité affaiblit la capacité du système politique à mettre en œuvre une consolidation budgétaire d’ampleur ».

La capacité d’un pays à rembourser ses emprunts ?

La France, comme la plupart des autres États, ainsi que les banques et les grandes entreprises, est tributaire de la notation financière des agences de notation dans le cadre de sa politique d’emprunt.

 En d’autres termes, la notation financière évalue DONC la capacité d’un pays à rembourser ses emprunts.

Comment fonctionnent ces agences de notation ?

Ces agences, telles que Moody’sStandard & Poor’s, et Fitch Ratings, attribuent des notes aux pays en fonction de leur solvabilité. Pour ce faire, elles analysent les politiques budgétaires, économiques et la situation financière globale du pays. Et cela a un impact sur les taux d’emprunt.

En effet, plus la note attribuée à un pays est basse, moins les investisseurs ont confiance dans sa capacité à rembourser sa dette. En conséquence, les taux d’intérêt sur les emprunts augmentent.

À l’inverse, une note élevée signifie une plus grande confiance et des taux d’intérêt plus bas.

La dette de la France, qui dépasse 3 000 milliards d’euros, reste sous la surveillance des agences de notation.

Prendre « acte » de la décision de l’agence

Le ministre sortant de l’Économie, Éric Lombard, a dit prendre « acte » de la décision de l’agence. Le nouveau 1er ministre a d’ores et déjà la consultation des forces politiques  représentées au Parlement, en vue d’adopter  un budget pour la Nation et de poursuivre les efforts de rétablissement des finances publiques de la France.Pour François Bayrou, qui a dénoncé à l’envi la colossale dette française, « un pays que ses ‘élites’ conduisent à refuser la vérité est condamné à en payer le prix ».

À l’opposé, Éric Coquerel, président de La France insoumise (LFI) de la commission des finances de l’Assemblée nationale, voit dans cette dégradation le résultat de « deux mois (d’)un discours catastrophiste sur la situation financière du pays ».Sébastien Lecornu  lui s’est engagé dans une course contre la montre pour présenter dans les temps un budget 2026 qui puisse échapper à la censure des oppositions, notamment celle du Parti socialiste (PS), qui réclame de revenir sur la réforme des retraites et de mettre en place une taxe Zucman sur les plus hauts patrimoine.

Sébastien Lecornul a également commencé à consulter les partenaires sociaux, dans un climat social tendu qui se traduira par une journée intersyndicale de mobilisation le 18 septembre. Mais pour Fitch, les discussions sur le budget 2026 devraient réduire l’ampleur de l’effort budgétaire, voulu à 44 milliards d’euros par François Bayrou. De quoi compromettre l’objectif d’un déficit projeté à 4,6 % l’an prochain : l’agence de notation le voit rester supérieur à 5 % en 2026 et 2027.

Quid d’une perspective stable

La France bénéficiait jusqu’ici d’une note d’un cran supérieur, AA-, avec une perspective négative qui ouvrait la porte à son abaissement. La nouvelle notation est assortie d’une perspective stable.  Pour rappel, les finances publiques françaises sont parmi les plus détériorées de la zone euro : la dette atteignait 113,9 % du PIB fin mars (soit 3 345,4 milliards d’euros) et le déficit était espéré à 5,4 % du PIB en 2025 par le gouvernement Bayrou. Bien que la croissance pourrait atteindre 0,8 %, l’économie souffre d’un manque de confiance généralisé, selon l’institut statistique (Insee). Selon Fitch, l’endettement de la France continuerait de gonfler jusqu’à 121 % du PIB en 2027, « sans horizon clair de stabilisation » après cette année d’élection présidentielle, avec toujours le risque d’un blocage politique. À l’inverse, Fitch a salué le désendettement du Portugal, et l’agence S&P Global, le dynamisme économique de l’Espagne, naguère mauvais élèves européens, en relevant leur note.

La dégradation de la note, qui mesure la capacité de la France à rembourser sa dette, marque un tournant pour le pays, même si elle devrait entraîner peu de conséquences immédiates pour Paris. Lui attribuant l’équivalent d’un 16 sur 20, Fitch la fait en effet basculer dans la catégorie inférieure, de qualité « moyenne supérieure », contre « bonne ou haute » jusqu’ici, ce qui pourrait conduire des investisseurs à vendre leurs titres de dette pour des placements moins risqués et entraîner des hausses de taux.  Notons que que depuis la dissolution en juin 2024, la dette française se négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l’espace d’une journée, mardi, celui de l’Italie.

Mais « ce qui compte réellement, c’est la trajectoire des finances publiques et la capacité de l’État à tenir ses engagements », souligne Lucile Bembaron, économiste chez Asterès. « Les marchés ont déjà tiré leurs conclusions, là où les notations semblent avoir un train de retard. »

Cet abaissement, le deuxième par Fitch depuis avril 2023, peut laisser préfigurer d’un mouvement similaire par les deux autres grandes agences mondiales de notation, Moody’s, le 24 octobre et S&P, le 28 novembre.

 La note de Moody’s, elle  sera connue le 24 octobre

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