Le suicide en Guadeloupe.

Moins répandu que dans l’Hexagone.

La Guadeloupe ne se singularise pas particulièrement par l’importance de la violence mortelle auto-infligée que représente le suicide. Cette réalité appréhendée à partir des chiffres de 2022, est a priori surprenante dans une région où les décès résultant de comportements violents est une triste réalité. On dénombre en effet dans l’archipel, d’une part, un taux d’accidents de la route mortels 3 fois plus élevé que celui de l’Union européenne, de la France hexagonale, de Mayotte et de la Réunion, presque 2 fois plus élevé que celui de la Martinique, et même sensiblement supérieur à celui de la Guyane. D’autre part, le taux de mortalité par homicides volontaires en Guadeloupe, 9,4 pour 100 000 habitants, est de loin le plus fort du territoire national (France entière 1,5 ; France hexagonale :1,3) à l’exception de la Guyane qui affiche un taux effarant de 20,6.

Les données chiffrées du suicide en Guadeloupe en 2022 : moins de suicides en Guadeloupe qu’en France hexagonale en 2022 mais plus que dans les autres DROM

—Selon les données disponibles pour des comparaisons pertinentes, celles de l’année 2022, le TSS (taux standardisé de suicides qui indique le nombre de suicides pour 100 000 habitants, était en Guadeloupe de 9,3. Il était inférieur de 3 points à celui de la France hexagonale (13,3). Seule de l’Hexagone, la région l’Ile-de-France avait un taux de suicide inférieur à celui de la Guadeloupe. La Guadeloupe affichait un taux inférieur à celui de 12 régions de l’Hexagone.

—Selon ces mêmes données, la Guadeloupe était de tous les DROM en 2022 le territoire le plus touché par le suicide. Par ordre décroissant, se classaient derrière elle la Réunion (7,2), la Guyane et la Martinique (7), et enfin, très loin derrière, Mayotte (1,3). La situation a cependant rapidement évolué.

Quelques observations sur les décès par suicide en Guadeloupe en 2023 :

—La part des suicides dans la mortalité générale : 31 des 3866 décès ont été causés par suicide. Les suicides ont chuté de 14% par rapport à l’année 2022 et le TSS est tombé à 8. Si une diminution s’observe aussi au niveau national, elle est beaucoup plus limitée. Elle n’est en outre pas générale : ainsi en Guyane (23 suicides) et plus encore en Martinique (34), on constate une augmentation significative des suicides dont le TSS est passé respectivement à 10 et à 9. La hausse de 28% des suicides en Martinique en une seule année interpelle particulièrement.

La tranche d’âge la plus touchée par le suicide s’observe en Guadeloupe chez les hommes (NB : au sens de personnes du genre masculin) de 25 à 44 ans avec un TSS de 23. Il en va différemment en Martinique où ce sont les hommes de 18-24 ans (TSS de 21) qui se suicident le plus. Au niveau national, les TSS les plus forts concernent les hommes de 65 ans et plus (TSS de 38,7) et des 45-64 ans (TSS de 29,5).

Dans un contexte de vieillissement de la population et d’augmentation du nombre annuel de décès en lien avec l’arrivée au grand âge de la génération nombreuse du baby-boom, on observe une diminution du nombre de suicides :  39 en 2013 (sur 2951 décès), 44 en 2010 (sur 2963), 43 en 2008 (sur 2785), 33 en 2007 (sur 2649).

—En Guadeloupe, 4 fois plus d’hommes que de femmes se suicident. L’écart est plus prononcé qu’en France hexagonale où il est de 3.  En revanche, l’évolution dans le temps des chiffres du suicide des hommes et des femmes ne présente pas de différences.

—Le TSS le plus élevé, 23, se rencontre en Guadeloupe dans le groupe des hommes de 25 à 44 ans et dans une moindre mesure dans celui des hommes de 45 à 64 ans. Il en va différemment en France hexagonale, où les taux les plus importants concernent les hommes de 65 ans et plus (taux de 37) et les 45 à 64 ans (taux de 29). Cette différence suggère des fragilités et des désespérances d’origines bien différentes et mériterait une analyse psycho-sociologique approfondie.

—Plus de 80% des hommes, selon les mentions des certificats de décès se suicident par pendaison.  Les femmes ont des modes opératoires plus variés aux résultats plus aléatoires : elles se donnent la mort dans la même proportion par IMV (Intoxications Médicamenteuses Volontaires), intoxications non médicamenteuses, pendaison, saut dans le vide et « autres causes non précisées ».

 Quelques comparaisons supplémentaires avec le territoire national et avec l’UE invitent à une réflexion sur la diversité des conduites suicidaires et sur leurs causes.

— En 2022, les TSS les plus forts du territoire national étaient observés en Bretagne (20,5) et en Normandie (17,5). Plus finement, au niveau départemental, c’est le département des Côtes d’Armor qui était en tête avec un TSS de 30,5. A côté, sur le funeste podium, on trouvait la Manche (27,7) et le Morbihan (26,4). A l’inverse, l’Ile de France et la Corse présentaient les TSS les plus bas.  

—Dans l’UE, la moyenne des TSS est de 10,2. La France fait partie des 9 pays de l’UE ayant les TSS les plus importants et où la probabilité de mourir par suicide est la plus forte. Les taux records s’observent en Slovénie (19,8), en Lituanie (19,5) et en Hongrie (15,7). A l’inverse, Chypre et la Grèce affichent des TSS inférieurs à 5 (respectivement 2,7 et 4,1) qui font envie.

—Enfin selon les données mondiales dont la fiabilité est toutefois sujette à caution et qui pourraient bien être assez largement sous-estimées il y aurait annuellement environ 740 000 suicides et ceux-ci concerneraient 1 femme pour 2 hommes.

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