Intelligence artificielle (IA) : de la fascination à l’inquiétude !

Dans une tribune à nos confrères de « Libé », l’enseignant Benjamin Chaudesaigues, professeur de lettres dans un collège REP des Hauts-de-Seine, affirme et rassure : « Non, les IA génératives ne mettront pas les professeurs de français sur la touche ». Un bouleversement technologique offrant effectivement l’occasion de raviver une relation amoureuse à la langue et la littérature.
Depuis le lancement, fin 2022, d’une machine capable de produire en quelques secondes des textes convaincants et de répondre sans répit à toutes les requêtes, les professeurs et certains rédacteurs en chef, se posent beaucoup de questions.
A NOTER pour Chaudesaigues, qu’en juin, le ministère de l’Education nationale a enfin pris position sur le sujet en publiant un « cadre d’usage » de l’intelligence artificielle. Ce document d’une vingtaine de pages établit notamment que « l’Ecole doit donner aux élèves les clés pour comprendre cette technologie » : une « formation obligatoire aux IA et à leurs enjeux » sera donc dispensée «au moins en 4e, en 2nde […] et en première année de CAP », sans doute dès l’année scolaire 2025-2026.
Nous apprenons aussi qu’une « utilisation pédagogique des IA génératives par les élèves, encadrée, expliquée et accompagnée par l’enseignant, est autorisée à partir de la 4e» : l’accumulation des qualificatifs signale bien la prudence de l’autorisation. Légitime prudence puisque, citons à nouveau, « l’usage de l’IA soulève en premier lieu la question de son impact sur […] le développement des capacités intellectuelles et relationnelles des élèves ».
IA génératives et la course à la concurrence.
La maison mère de ChatGPT a sorti jeudi 7 août un nouveau modèle d’IA générative. Plus rapide et fluide sans renouveler le genre, il s’inscrit pour le géant américain dans une volonté de rester la tête d’affiche du secteur.
Intelligence artificielle (IA) : de la fascination donc à l’inquiétude ? Et ChatGPT s’est refait une beauté.
Sur l’interface de l’IA générative, son nouveau modèle GPT-5 est présenté en grande pompe : des teintes ocre, orangées, bleutées et mauves tapissent l’arrière-fond, loin de l’ancien blanc d’hôpital auquel on s’était habitué. Jeudi 7 août, OpenAI a annoncé l’arrivée de son modèle « le plus intelligent, rapide et utile, pour vous offrir la meilleure réponse, à chaque fois». Rien que ça !
Sam Altman, sacro-saint patron du géant de la tech, s’est même essayé à la métaphore pour décrire son nouveau bijou lors d’un briefing pour la presse : «GPT-5, c’est comme parler à un expert de niveau doctorat sur n’importe quel sujet», là où GPT-4 était un «étudiant à l’université» et GPT-3, «un lycéen qui parfois donne la bonne réponse, et parfois répond n’importe quoi».
Expert en innovation et nouveaux usages du numérique, Damien Douani se montre lui, plus mesuré dans Libé : «GPT-5 n’est pas une révolution, c’est une évolution.» Il détaille ainsi deux axes : «Ce nouveau modèle serait meilleur pour produire du code informatique. Il serait aussi moins sujet aux hallucinations, dans le sens où il n’inventerait pas de réponse s’il ne sait pas, fini ce côté consultant qui a réponse à tout.»
Pour votre serviteur, le scribe : L’IA pour le meilleur ou pour le pire ? Nous sommes condamnés à être de perpétuels apprenants pour ne pas être débarqués et largués. Notre cerveau, surtout le mien (pourtant encore costaud me dit – on. Et je le sais), n’est plus capable, à lui seul, chers lecteurs, d’emmagasiner, de décoder, d’analyser, les masses d’informations, pluridisciplinaires(santé, climat, historique, scientifique(s)…)pourtant si indispensables à nos existences. Pour sortir de Basse – Terre-capitale- et rejoindre Pointe – à Pitre.
On a toujours le choix. Aller à pied, sur le dos de quelqu’un(e), à bourrique, à cheval, à bicyclette ou en voiture ! Le train viendra. Le choix est générationnel. On n’arrête pas le progrès. Et surtout le confort. On s’y adapte ou pas. On se fossilise en « has been »ou on avance. Mais le progrès, comme tout pouvoir, comme la politique ou l’amour, ne peut être mis en n’importe quelle main. Sans une valeur morale.
DURIZOT JOCELYN (Professeur de technologie à la retraite, classe exceptionnelle. Doyen des Rédacteurs en chef de la Guadeloupe) .