Guadeloupe – Témoignage : Les vacances bouleversées de Ketty au Bénin .

Venue célébrer son 60ᵉ anniversaire au Bénin, après avoir visité le Sénégal et la Côte d’Ivoire, Ketty, une Guadeloupéenne pleine de vie, a vu son séjour se transformer en véritable cauchemar. Victime d’un grave accident de la route, elle raconte son parcours entre souffrance, courage et renaissance.

Un anniversaire qui tourne au drame

Partie au Bénin pour fêter son anniversaire le 25 août 2025, Ketty ne s’imaginait pas que son voyage prendrait une tournure tragique.
Le 22 août, trois jours avant la date prévue de sa célébration, elle est victime d’un accident de la circulation, alors qu’elle prenait des photos en visitant le temple Caméléon à Abomey. Un motocycliste et son passager sont venus la percuter de plein fouet. Le choc est violent : fracture ouverte de la jambe droite, urgence absolue et prise en charge à l’hôpital de Zou/Colines pour nettoyer et suturer la plaie.

«J’ai d’abord été hospitalisée aux urgences au centre national hospitalier et universitaire (CNHU) de Cotonou, raconte-t-elle. J’y ai vécu l’enfer. 

Les conditions étaient extrêmement difficiles, tant sur le plan matériel qu’humain». En effet, dès son arrivée, le pansement fait à Zou/Colines a été refait 2 fois en moins de 5 heures. Chaque patient doit avoir sa propre aide, chargée d’aller acheter le matériel médical (thermomètre, kit de pansement…), des médicaments (antibiotiques, injections d’anticoagulant…), à manger, tout le nécessaire pour une hospitalisation (drap, coussin, papier toilette, pot de chambre, etc…), faire la toilette et dans le cas de Ketty l’aider à aller aux toilettes faire ses besoins. Il fallait “tout” payer cash, même une simple attestation réclamée par l’assistance de l’assurance. Si un acte est mal fait par l’équipe médicale, on te redonne une ordonnance pour aller acheter les médicaments ou autre. Ce fut le cas par exemple pour le plâtre qui avait été fait. Pareil pour la radio, qu’on lui fait payer 2 fois de suite en moins d’une heure car sur la première les os étaient mal alignés. Bref, elle avait l’impression d’être une vache à lait et qu’on abusait d’elle et de son argent. Pire on ne répond pas à l’assistance de l’assurance qui réclame son dossier médical afin d’organiser son rapatriement.

Quelques jours plus tard, grâce à son assurance, qui avait dépêché un référent pour faire avancer les choses, Ketty est transférée à la Pisam (polyclinique internationale Sainte Anne-Marie) à Abidjan, en Côte d’Ivoire – un véritable soulagement après l’épreuve béninoise.

«À la Pisam, c’était le paradis. J’ai été opérée le 29 août, et tout s’est bien passé. J’ai aujourd’hui encore un fixateur externe, mais je garde surtout le souvenir d’une prise en charge bienveillante et très professionnelle. »

Le silence pour protéger les siens

Durant toute cette période, Ketty a fait le choix de ne pas alerter sa famille et ses amis, par amour et par précaution.

«Ma fille J. était en fin de grossesse. Je craignais qu’un stress important ne provoque un accouchement prématuré. J’ai donc préféré dire que j’étais isolée à cause d’un paludisme».

Ce n’est qu’après son rapatriement en Guadeloupe, le 12 septembre, qu’elle révèle la vérité à ses proches. Hospitalisée au CHBT, qu’elle surnomme avec humour «le purgatoire», elle y reste jusqu’au 18 septembre avant d’être placée en hospitalisation à domicile (HAD) pour deux mois.

”La consolidation de mes os prendra du temps, peut-être trois mois ou plus. Mais je reste positive et confiante”.

Une épreuve transformée en leçon de vie

Malgré la douleur et la peur, Ketty garde un regard lumineux sur cette expérience.

«Cet anniversaire restera gravé à jamais: inattendu, éprouvant, mais aussi rempli d’amour et de gratitude. À la Pisam, j’ai fait de belles rencontres humaines. Je ne regrette rien».

Elle ajoute, avec émotion :

«Cette épreuve m’a rendue plus forte. Et je savais qu’un immense bonheur m’attendait : la naissance de mes petits-enfants jumeaux. Ce n’était pas la fin d’aventure que j’imaginais, mais une aventure de vie. Inoubliable, tout de même, pour mes 60 ans ! »

Des conseils aux Antillais voyageurs

De plus en plus de Guadeloupéens et Martiniquais choisissent de voyager en Afrique de l’Ouest, notamment au Bénin, pour renouer avec leurs racines ou découvrir la culture afrodescendante. Ketty, forte de son expérience, tient à adresser quelques recommandations.

«Le Bénin est une belle destination, mais il faut partir bien préparé. Souscrivez une bonne assurance santé et rapatriement, emportez suffisamment d’argent liquide, un forfait international pour pouvoir communiquer facilement, et surtout, gardez une bonne dose de chance pour éviter infections et bactéries résistantes», en cas de problème de santé.

«Et surtout, ajoute-t-elle avec un sourire, armez-vous de courage, d’un moral d’acier… et d’amour».

Un traumatisme à surmonter

Si Ketty a trouvé la force de sourire à nouveau, elle n’oublie pas pour autant ce qu’elle a vécu dans les premières heures qui ont suivi son accident.

«Ce n’est pas l’accident ni la fracture qui m’ont traumatisée, mais le passage au CNHU du Bénin et la partie judiciaire. J’ai vu, entendu et vécu des choses qui m’ont profondément marquée. Le rapport du tribunal que j’ai dû payer, ne reflète pas la réalité: l’heure de l’accident, les constatations des policiers (alors qu’ils ne l’ont ni vue, ni interrogée), et même la blessure sont erronés». 

Aujourd’hui encore, en arrêt de travail, elle doit affronter les démarches administratives, pendant que d’autres, y compris le mis en cause ont déjà repris leur vie normale.

«J’avais beaucoup de dossiers à remplir, entre l’assurance, les déclarations et les formalités. Mais je reste forte et courageuse».

Une aventure de vie inoubliable

Malgré les épreuves, Ketty garde le sourire et l’envie de transmettre un message d’espoir.

«Ce voyage m’a beaucoup appris. J’en retiens surtout l’importance de la solidarité, de la gratitude et du courage. L’Afrique de l’Ouest m’a accueillie avec chaleur, et malgré tout ce qui s’est passé, je garde de très beaux souvenirs».

Elle conclut avec une phrase simple, mais puissante:

«Mon 60ᵉ anniversaire n’a pas été celui que j’imaginais… mais il restera à jamais gravé dans mon cœur».

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