Vers une 3ème vague de COVID ?

Les nouvelles ne sont pas bonnes. Tous les chiffres l’indiquent, la Guadeloupe pourrait bien être confrontée à une 3ème vague de COVID19. Le variant anglais, qui est plus contagieux et touche davantage les personnes jeunes, circule et croît sur l’ensemble du territoire avec une prépondérance marquée dans les secteurs les plus urbanisés de la Guadeloupe continentale. La limitation, depuis le 1er février, des déplacements hors du département aux cas d’impérieuse nécessité, a sans doute, le trafic aérien subissant une baisse de 90% (avec les conséquences économiques qu’il faudra évaluer un jour), limité la progression des contaminations. Pour autant, le touriste, bouc émissaire ne pouvant plus être mis en cause, il faut se regarder en face et chercher dans le comportement de la population les raisons de cette progression continue. Sans un relâchement, particulièrement pendant les vacances de Carnaval, nous n’en serions sans doute pas là. 

Le taux d’incidence dans le département qui était encore en dessous de 20/100.000 habitants en S4, dépasse 27 en S5, 36 en S6 et 46 en S7. La Guadeloupe s’approche dangereusement du seuil d’alerte. Elle avait connu des jours meilleurs en fin d’année 2020 avec des taux inférieurs à 15 (S52 et 53) et même à 11 (S51). Pour relativiser, la Guadeloupe est loin des taux de Mayotte (850), des Alpes Maritimes (583), du Pas-de-Calais (340), des Bouches-du-Rhône (331), de la Moselle (315), et du Var (307). On est également loin du taux de 277 atteint en septembre 2020.

Le nombre de nouveaux  cas positifs  est en augmentation. Alors qu’il était  tombé en fin d’année 2020 à  39 (S51), le voilà  qui dépasse la centaine : 105 nouveaux cas en S5, 137 en S6 et 166 en S7. Les 1ers cas de variant anglais du coronavirus, 10 en S6 et 44 en S7  ont été identifiés ; ils concernent des personnes d’une moyenne d’âge inférieure à 40 ans. Le risque de contamination par ce variant très contagieux appelle un renforcement des mesures de vigilance et notamment de distanciation (2 m au lieu d’1m).

Au cours des 3 dernières semaines, 13 nouveaux clusters sont apparus et ont donné lieu à des investigations de la part de l’ARS. Ils concernent la sphère familiale élargie, le milieu hospitalier, un établissement pour personnes handicapées ainsi que le milieu professionnel. La formation de cluster interpelle car elle n’est pas le fruit du hasard mais d’un relâchement de vigilance.

Les taux de positivité des tests sont passés de 2,77% en S5, à 5,11% en S6  et à 6,5% en S7. Ils dépassent depuis 2 semaines le seuil de vigilance de 5%. 

Le facteur R qui indique le nombre de personnes que contamine une personne atteinte du coronavirus est supérieur à 1 au cours des 3 dernières semaines et progresse régulièrement : 1,10 en S5, 1,17 en S6 et 1,28 en S7. Inquiétant signal…

L’activité hospitalière, pour les patients COVID, reste toutefois relativement stable en réanimation. Etant rappelé qu’il y avait 5 patients COVID en réanimation au 31 janvier, il n’y en a pas davantage en S5 ainsi qu’en S6 et  seulement un de plus, soit 6, en S7.  En médecine, en revanche, l’activité s’accroît rapidement et retrouve le niveau atteint à la mi-décembre 2020 ; ces patients sont passés de  9 en S5, à 14 en S6 et à 23 en S7.

Les décès demeurent très limités : 1 en S5, 2 en S6 et 1 en S7. Au total, dans le département où le nombre annuel de décès est de l’ordre de 3200, 157 personnes atteintes de COVID sont décédées depuis le début de la pandémie.

Le rythme des vaccinations rend utopique l’objectif de santé publique qu’est l’immunité collective, laquelle suppose que 70% de la population soit vaccinée. Pour l’heure, 1,5% environ de la population a reçu la 1ère injection ! Au 21 février, 7020 personnes  ont été vaccinées, 6108 ayant reçu la 1ère des 2 injections. Si les réticences à la vaccination étaient importantes au départ, ce n’est plus autant le cas et il est maintenant à craindre que les centres de vaccination ne soient rapidement débordés. Des mesures sont envisagées par l’ARS pour faciliter la vaccination des plus de 75 ans qui sont prioritaires mais ont, pour une bonne part, des difficultés pour se rendre dans les centres. Mesures un peu tardives mais bienvenues…

Le relâchement dans la vigilance d’une partie de la population est à l’origine d’une dégradation préoccupante de la situation épidémiologique qui conduit l’autorité préfectorale à imposer à tous un renforcement des mesures portant atteinte aux libertés publiques. J’en donnerai la teneur dans un prochain article.

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