On ne comprend plus pourquoi le CHU est encore en grève.

La rentrée sociale 2019 aura été pour le moins calme. Pourtant, la grève du CHU durant le mois d’août nous a laissé croire à la convergence des luttes au mois de Septembre. Mais cette grève du CHU qui n’en finit pas de finir, a visiblement lassé l’opinion.  Et ce d’autant qu’il s’agit de  santé donc de vie et de mort. Surtout pour les plus humbles qui ne peuvent se soigner ailleurs.  Dès lors, on ne comprend plus pourquoi le CHU est encore en grève. Les conflits nous l’avons toujours dit sont nécessaires pour mettre en évidence les dysfonctionnements, mais deviennent toujours improductifs dans la durée.   A ceux qui pensent qu’on ne fait pas une omelette sans casser les œufs, rappelons qu’un enfant, une femme, un vieillard, un malade, un accidenté, ne sont pas une omelette et moins encore un gallinacé.

Quel est donc le carburant qui alimente cette si farouche et tenace mobilisation de l’intersyndicale ? Peut-on croire que les principaux points du cahier des charges qui concernent notamment le retour de la maternité et la rénovation des urgences dans les semaines qui viennent pourraient devenir réalité ? La situation dégradée du fonctionnement de ces services —essentiels — peut-elle supporter encore longtemps la déstabilisation permanente ? Du coup, alors que les négociations semblent faire du surplace, la direction et l’ARS continuent la mise en œuvre de leur plan d’aménagement qui ne devrait aboutir qu’en octobre 2020. En outre, avec les annonces de la ministre de la santé, Agnès BUZYN, relatives aux Urgences en France, l’ARS de Guadeloupe s’estime confortée dans son plan avec la mise en fonction des Maison de Santé Pluridisciplinaires, les infirmières de pratique avancée et le GHT. Et l’ARS de conclure « Notre territoire sera pleinement mobilisé pour la réussite de ce plan en partenariat avec tous les acteurs concernés parce que chacun détient sa part de la solution » » ! Mais alors si toutes ces actions sont lancées et ne semblent plus « arrêtables », pourquoi entretenir des « négociations » ?

Cette convergence des luttes est un vieux rêve des syndicats révolutionnaires davantage que  celui des syndicats réformistes. Convergence des luttes pour abattre le système capitaliste et libéral.

Cette convergence des luttes — qui ne dit pas son nom — n’a pas eu lieu, également parce que le secteur de l’enseignement (enseignants, parents ou élèves) n’a pu mobiliser ses troupes autour d’une contestation centrale. Ni la réforme des lycées, ni parcours sup, ni les conditions matérielles, ni le nombre d’enseignants n’ont suscité de vagues de protestations. Pourtant, la réforme des lycées emporte de profondes modifications comme la réforme du Bac. Le nombre d’enseignants est en baisse constante et régulière en Guadeloupe, et même si le nombre d’élèves diminue, notre taux d’encadrement demeure encore inférieur à la moyenne de l’Hexagone. Quant aux conditions matérielles, il est vrai que les nombreuses constructions et remise aux normes de ces dernières années ont permis de répondre aux nécessités du monde enseignant. Reste encore à rénover les plus anciennes écoles avec quelques désagréments de déménagement, mais surtout  à garantir, sécuriser et améliorer le transport scolaire. Du coup, le monde enseignant devra répondre aux exigences tant des parents que du gouvernement en termes de résultats. Surtout après la lecture du récent rapport de l’OCDE qui affirme, contrairement aux idées reçues, que les enseignants français perçoivent un salaire effectif supérieur à la moyenne des enseignants européens. Le décalage ici avec les 40% est sans doute encore plus fortement ressenti vis-à-vis des salariés du privé.

L’apathie de cette rentrée sociale n’occulte pas pour autant les difficultés économiques et sociaux bien réels du pays. Il montre que le pays est fatigué psychiquement, car il n’arrive pas à résoudre des problématiques récurrentes. Le sentiment collectif et l’intérêt général s’effacent devant les intérêts corporatistes de clan, de partis, ou des ambitions individuelles.

Cette montée de l’individualisme, voire du sectarisme est concomitant avec l’émergence des réseaux sociaux qui sont de plus en plus détachés du monde réel.  Et même si le nombre de leurs adhérents ne cesse de diminuer, les syndicats demeurent indispensables aux avancées sociales.  Le dialogue social est, comme les syndicats, nécessaire ne serait-ce que pour aborder et porter des solutions issues davantage d’un consensus que de diktats. C’est une chose de lancer une pétition en ligne pour soutenir une cause, de créer un groupe WhatsApp ou Facebook pour dénoncer une injustice, c’est une autre paire de manche de descendre dans la rue pour manifester,donner de son temps et de son énergi,  de tenir un piquet de grève, de coller des affiches ou de tenir des meetings. On assiste sans doute maintenant à l’avènement de nouvelles méthodes, d’un nouveau militantisme, que le monde syndical — comme d’autres — peine à intégrer. D’autant que ces nouvelles façons de militer n’ont pas encore fait la preuve de leur efficacité en tout lieu et dans toutes les strates de population. Sans doute qu’il faudra parvenir à un mix, afin d’attirer et de convaincre toutes les sensibilités. Là aussi, c’est la naissance d’un monde nouveau.

Rodes Jean-Claude.

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