Primaires, vous avez dit primaires?

Primaires, vous avez dit primaires? Alors que la campagne fait rage aux Etats-Unis avec des arguments au ras du caniveau, en France et en Guadeloupe aussi, ce sont les primaires de la Droite et du centre qui mobilisent l’attention des médias.

La semaine dernière le premier débat opposait les sept candidats à la candidature tous issus du parti “Les Républicains”. Les téléspectateurs ont eu droit à un débat terne et lisse durant lequel il fallait à tout prix éviter les dérapages comme ce fût le cas aux Etats-Unis. Et malgré quelques piques en fin d’émission à propos des démêlés judiciaires de certains candidats, ce débat n’a pas donné lieu à de véritables empoignades entre les postulants. Il faut dire que les règles fixées par les organisateurs et la chaîne TF1 avaient laissé peu de place à ce type d’expression. En outre, chaque candidat devait montrer sa capacité  et sa stature de présidentiable. Au delà, chacun avait aussi une stratégie bien réfléchie. Alain JUPPÉ  qui caracole en tête des sondages devait à tout prix éviter l’erreur fatale. Quitte à rechercher un match nul. Nicolas SARKOZY, l’ancien président, savait qu’il serait la cible principale des autres candidats. Il lui fallait donc tenter de sortir par le haut en tentant de rabaisser les autres. A ce jeu, c’est le candidat le moins connu, Jean-Frédéric POISSON qui a le mieux tiré son épingle du jeu. Mais les enjeux pour le parti dépassaient de loin les stratégies des uns et des autres. En effet, il s’agissait de démontrer que le parti était en capacité de proposer à la France plusieurs candidats à la hauteur de la fonction. Le calcul est simple : arriver au second tour face à l’extrême droite et remporter la mise haut la main comme en 2002. D’autant que dans le camp d’en face c’est la débandade. Le président sortant s’est de nouveau tirer une balle dans le pied avec la publication de confidences pour le moins inattendues de la part d’un président en exercice. Il s’est ainsi mis à dos l’ensemble de la magistrature et les foot-balleurs.  Et ce, même s’ils ne sont pas tous au-dessus de toute critique. En matière de  communication, on peut difficilement faire pire au point d’agacer parmi ses propres partisans et laisser perplexe la plupart des observateurs politiques. Il faut dire que le président Hollande devient coutumier du fait. Après les «sans dents», les promesses non tenues, la non inversion de la courbe du chômage c’est à croire qu’il ne cessera jamais de s’auto-mutiler. Et ce ne sont pas les piètres excuses auprès des magistrats qui rétabliront son image. Au parti socialiste, les autres prétendants peinent à émerger, et ce tant que Hollande ne déclarera pas officiellement sa candidature. Arnaud Montebourg, Benoît Hamon piétinent dans les sondages. A l’extrême gauche, Mélenchon qui a mis le Parti communiste sous l’éteignoir, ne fait toujours pas figure de présidentiable crédible malgré ses bons scores dans les sondages. Tout au plus, peut-il apparaître comme le meilleur contestataire, ce que les Français apprécient.

Tout cela ne fait que le jeu de l’extrême droite de Marine LE PEN. Pas besoin d’en faire trop, puisque les combats internes des partis traditionnels font mécaniquement monter le vote FN. Le seul véritable problème de Marine LE PEN est de pouvoir faire la bascule c’est-à-dire d’être en capacité de rassembler suffisamment de votes pour franchir la barre des 50% au second tour. Les français prendront-il le risque d’élire un candidat de la droite extrême ? Rien n’est moins sûr.

En Guadeloupe, les primaires de la droite ne passionnent pas plus que cela. Nicolas SARKOZY qui avait réalisé un excellent score ici en 2012, a perdu la plupart de ses soutiens de poids. Il faut dire que l’ex-UMP est en pleine recomposition. L’ancien premier ministre, François FILLON est soutenu par l’inénarrable Philippe CHAULET. Alain JUPPÉ a pour sa part l’appui du clan CHEVRY et pourrait même recevoir en cas de victoire aux primaires celui, plus ou moins franc, de l’actuel président de Région Ary CHALUS. Difficile en effet pour CHALUS de soutenir François HOLLANDE dont le poulain en Guadeloupe  — et représentant du PS dans l’Outre-Mer — est son meilleur ennemi Victorin LUREL. La bataille entre LUREL et CHALUS s’est d’ailleurs de nouveau exprimée cette semaine à l’Assemblée Nationale  lors du vote de la loi sur l’égalité réelle. Chalus s’est abstenu plutôt que de voter la loi qui porte le nom de son prédécesseur. C’est dire. Et donc, JUPPÉ qui apparaît moins à droite, plus consensuel, plus gestionnaire que politique, pourrait être le «bon» choix pour Ary CHALUS qui a toujours souhaité rester indépendant des lignes partisanes. Ce choix, mèm an ba fey, ferait le bonheur de sa vice-présidente Marie-Luce PENCHARD, fer de lance de Juppé en Guadeloupe. Ary CHALUS  ne risque pas grand-chose à cet égard, à se démarquer un peu de son allié  GUSR qui lui,  devra contraint et forcé supporter le candidat socialiste. Ainsi quel que soit le résultat de la présidentielle, la majorité régionale en sortirait  gagnante. Ainsi va la vie en politique. La seule stratégie qui vaille est celle qui fait gagner, dans l’immédiat.

Rodes Jean-Claude.

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