C’est le triomphe non pas des moins corrompus.

Le Prince de Machiavel, en 1532, donnait  une  définition du politique qui est souvent reprise. La conquête du pouvoir si on ne le détient pas, sa conservation si on le possède.

La conquête du pouvoir est, il faut le rappeler,  première dans l’ordre du politique. Hé oui, car  le pouvoir, avant de l’exercer, il faut le conquérir. Et pour le conquérir, à moins de le prendre par la force, il faut en passer par l’élection. Mêmes avec des mensonges. Et des promesses intenables.

Dans la logique pyramidale de l’élection uninominale, la fin, seule, peut-elle justifier tous les  moyens ? Faut-il donc croire que dans cette lutte «à mort”,  les scandales politico-financiers ou sexuels, ne font que commencer. Après l’affaire Bigmalyon, J-F Copé s’était lâché. Il  affirmait avoir été la victime d’un complot politico-judiciaire, orchestré par Nicolas Sarkozy et François Fillon, désireux de régler son compte à leur ennemi commun en lui faisant payer les (fausses) factures de l’UMP. Maintenant avec l’affaire Pénélopegate, pour qui sonnera le glas ? Rancune, revanche, mesquineries, trahisons et petites vengeances et autres poisons, semblent  rythmer, mais  depuis  longtemps  la vie politique. Cela nous renvoie à la mithridatisation. Un  mot qui a pour origine le roi Mithridate VI. Ce dernier craignant pour sa vie et son pouvoir,  voulut acquérir une connaissance parfaite des poisons et de leurs antidotes afin de s’en préserver. Selon la légende, il serait parvenu à s’immuniser en absorbant de petites doses de poison. D’où l’expression des politiques se vantant d’avoir le cuir épais.

 

Reprenant le ressenti de Mao — j’ai eu à le dire dans mon dernier édito — l’élection n’est pas un diner de gala.  Pourtant le président Hollande avait mis en garde les fougueux, impatients  et si indélicats prétendants à l’exercice de la fonction suprême. Hé oui disait l’actuel président les yeux pétillants et non sans malice.  Hé oui, il y a l’élection martelait le président aux impétueux et autres Brutus dans son propre sérail !  Le pouvoir, avant de l’exercer, il faut le conquérir. Et pour le conquérir, à moins de le prendre par les venins et la  force, il faut en passer par l’arène, descendre dans la fosse. Et s’exposer à  tous les coups tordus, dont les plus imparables viennent de la proximité et d’amis vieux de plus de trente ans Voire, même de l’ex-compagne (avec les “sans dents”)!

Le hic en politique, c’est que chacun croit comme, de Gaulle, Mitterrand ou Chalus,  qu’il a un destin. Car dieu leur parle, pensent-ils,  tout comme à Jeanne d’Arc. Mais l’électorat déboussolé par les révélations  des passe-droits inacceptables d’hommes politiques se présentant toujours en odeur de sainteté, devient chimérique et le vote devient versatile. Donc  imprévisible. Faisant ainsi mentir les plus savants pronostics des instituts de sondage. A l’analyse, le vote se fonde souvent sur la déception, le refus, le ras-le-bol, l’ignorance, les frustrations, la peur et rarement sur l’adhésion. Un bouleversement profond, aux conséquences lourdes. Car les petits arrangements avec la morale, alimente la défiance populaire à l’égard des élites. Accréditant ainsi le “tous pourris». Ces révélations de dernière heure, nourrissent  les discours et les votes populistes. C’est le triomphe non pas des moins corrompus, ni  des plus compétents, mais certainement du plus rusé des tueurs. Quand il n’en faut qu’un, la logique pyramidale commande d’abord de ne pas être éliminé dès les primaires, ni au premier tour.  Il s’agit de faire dégager les favoris des sondages. Cela relève de calculs et de petites alliances et de fuites, des plus  machiavéliques. Mais la conquête du pouvoir, c’est aussi la faculté d’arriver intact, moralement intact,  jusqu’au vote décisif. C’est d’être en capacité de triompher de tous les scandales réels ou supposés, comme le fait Macron dès la première mèche allumée. Oui, être capable d’en sortir vivant, ne serait-ce que pour régler les comptes, plus tard, de ceux qui vous ont attaqué.

Dans ce jeu relevant des arènes à Rome, ou des feuilletons de Dallas avec le terrible J.R, ceux qui entrent dans la fosse, doivent savoir s’imposer dans ce lieu d’entrecroisement des politiques, journalistes, hommes d’affaires,  penseurs, mouvements sociaux. Toutes ces voix interférant les unes sur les autres en une mystérieuses alchimie.

Quand on voit l’utilisation des médias qui permettent  la diffusion et la confrontation des idées dans l’opinion, on pense ici à Montesquieu qui  affirmait que sans un principe permettant de contenir et d’équilibrer le pouvoir législatif, les pouvoirs exécutifs et judiciaires, il n’y a plus aucune liberté, ni aucune protection contre l’abus de pouvoir. C’est le principe de la séparation des pouvoirs.

C’est ainsi que loin de pouvoir justifier les turpitudes de leur candidat, on a entendu les défenseurs de Fillon, bien après d’autres,  s’en prendre à la Presse qui s’acharnerait sur leur leader. Le travail effectué par les journalistes n’a rien à voir avec les dérives, les pastiches voire les “fake”entendus sur les réseaux sociaux. Sur la toile, plus c’est gros, plus ça pue, mieux ça se vend !

Informations – Désinformations ! La lutte pour le pouvoir, avec la révolution médiatique, n’est plus ce qu’elle était. Tous s’accordent à dire que la métamorphose est profonde. Reste à cerner ce qui la caractérise exactement. Là, c’est moins simple.

RODES JEAN-CLAUDE

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