De l’invective, des mensonges, des promesses ou des réalités.

De l’invective, des mensonges, des promesses ou des réalités. Que voulons-nous ?   Voilà  plus de 20 ans, nos collectivités (grandes et petites – gauche et droite)   n’arrivent pas à s’accorder et encore moins à résoudre, des maux qui font partie du quotidien (Eau- transport- déchets- impôts de la démesure, déficits, stationnement). Pire encore  ces manquements ont un lourd  impact sur le développement économique, social, sanitaire  et touristique.

Pourtant, les élections majeures (départementales et régionales) ont livré leur verdict voilà plus d’un an. Et contre toute attente, ne voilà-t-il pas que nos élus pataugent encore dans les marigots de l’immobilisme.  Les déclarations sur les médias  (“ce n’est pas moi, c’est lui, ou les autres”) et  autres  grandes messes de la grimace à la préfecture, montrent que derrière  les belles résolutions “pou sové gwadloup”,  il n’y a souvent que des postures !  Si ce spectacle délecte certains, il  en dégoûte beaucoup.

Et ne voilà-t-il donc pas, alors que l’urgence est mise en attente,  que  revient sur la table la question statutaire. Et ce,  en pleine défiance de la classe politique. (V. Récent sondage qualistat  “Les Guadeloupéens ne font pas confiance à leurs élus”).

Certes il y a lieu légitimement de penser à  un autre statut pour pallier aux insuffisances du mille feuilles administratif qui a généré des conflits de compétences et créer des ti chef voire  des roitelets.  Cette nécessaire évolution appelle à plus de sérieux, de dignité et surtout de responsabilité pour plus d’efficacité. La méfiance populaire porte davantage, il est vrai, non pas envers un statut, mais envers des hommes et des femmes  qui entendent exiger un blanc seing. Une  feuille blanche, un chèque en blanc  sur lequel on appose sa signature et que l’on confie à quelqu’un pour qu’il la remplisse lui-même.  Ceux-là  gagneraient, en priorité,  à  se montrer, avec les problèmes urgents que connaît la Guadeloupe, plus crédibles  et en tous cas plus responsables.

Rien ne peut se faire sans l’enthousiasme et l’adhésion des masses. Là encore il faut être clair avec la population. Et annoncer  franchement le contenu du projet, en termes de financement, d’exigences, de travail, d’engagement et de responsabilité.

Pour l’instant, les ambitions personnelles semblent avec les prochaines législatives  devenir la préoccupation majeure de la classe politique.  On ne fait pas campagne sur l’eau ou les déchets, pour l’heure, on se place. Comme Brutus on partage des baisers de judas qui ne sont pas ceux du Christ.

Sur nos médias on constate surtout une mobilisation de type “politique de l’auto-stop”. On essaye de monter dans une voiture de passage, ou bien on essaie de héler un chauffeur connu, si possible un élu ou un ex-élu supposé détenteur d’un bon “réservoir de voix”. Il ne faut cependant pas généraliser. Même si le ridicule ne tue plus.

 Mais les citoyens, après le scandale de l’eau, du transport, des déchets, les déficits…  sont aujourd’hui davantage vaccinés. Les citoyens ne veulent pas des potentats irresponsables. Ils veulent des changements qui seront conformes aux intérêts de  leur archipel, de leur famille et pour leurs enfants.

Que voulons-nous ? Avant de décider ce que nous voulons et  l’affirmer, nous devons commencer par nous interroger. Rien n’est pire que les prophètes qui viennent amener des solutions magiques et définitives. En général ça sent le populisme ou le sectaire… Alors interrogeons-nous.

Voulons-nous plus de responsabilité, et donc nous donner les moyens de l’exercer ? C’est-à-dire sommes-nous prêts à contribuer à une fiscalité qui finance tous nos projets et nos solidarités ?

Voulons-nous plus de justice exercée par un Etat plus impartial ou bien faisons-nous confiance aux promesses irréalisables ? Voulons-nous plus d’égalité des droits, ou croyons-nous que nos “débrouya pa péché” nous permettrons toujours de nous en sortir ?

Voulons-nous plus de sécurité dans nos vies : dans nos rues, dans notre environnement, dans notre santé, dans notre démocratie et nos institutions ? Ou bien sommes-nous tentés par l’aventure et le risque, l’improvisation, la soumission à des “sauveurs” messianiques ? Voulons-nous une solidarité forte, une protection sociale universelle ?

Voulons-nous une Guadeloupe propre, écologique, maîtrisant son développement durable et assurant une production endogène viable ? Ou bien allons-nous nous laisser asphyxier sous les déchets de notre consommation effrénée, réclamant toujours plus de transferts sociaux et de dépendances toujours moins bien supportées ?

Voulons-nous des élus incarnant des valeurs de fidélité et d’engagement ou bien des beaux-parleurs opportunistes, des retourneurs de veste, des frustrés et des revanchards. Parions-nous sur le renouvellement de la classe politique, le non-cumul des mandats, une citoyenneté mieux partagée, the right man at the right place ? Voulons-nous des projets ou des promesses ?

Voulons-nous une Guadeloupe “arc-en-ciel”mêlant en son sein tous ceux qui veulent contribuer à son développement, ou bien allons-nous alimenter le cycle sans fin de la discrimination des uns par les autres, des autres par les uns ?

Quelles que soient nos questions, nous ne devrions donc pas avoir de doutes sur les piliers qui doivent soutenir notre société : la reconnaissance d’une dignité égale à tous, la nécessité d’une presse plurielle, digne et citoyenne. La préférence pour l’acte librement servi sur celui accompli par la contrainte. Et faire évoluer notre société en sachant concilier l’exigence de responsabilité avec celle de sécurité.  Le voulons-nous ?

Ka nou vlé ?

Rodes Jean-Claude

 

 

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