L’or, un fabuleux métal…et une affaire en or, mais pour qui ?

L’or est un matériau mythique depuis la préhistoire ; il est également un symbole et une valeur refuge.

S’agissant du mythe, chacun songe aux pommes d’or du jardin des Hespérides, aux fameuses mines d’or du roi Salomon ainsi qu’au roi MIDAS qui demanda et obtint de Dionysos  le don de transformer en or tout ce qu'il touchait.
Et le poème de JM de Hérédia appris sur les bancs du lycée et mystérieusement gardé en mémoire revient à notre esprit :

Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,
Fatigués de porter leurs misères hautaines,
De Palos de Moguer, routiers et capitaines
Partaient, ivres d'un rêve héroïque et brutal./
Ils allaient conquérir le fabuleux métal
Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines,
Et les vents alizés inclinaient leurs antennes
Aux bords mystérieux du monde Occidental/….

L’or est symbole de pureté. « Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or »  écrit Baudelaire dans « les fleurs du mal ».

La quête de l’or est sans doute moins noble que le fabuleux métal. Il y eut dans le passé les chercheurs d’or, assoiffés de richesse, prêts à tout pour  trouver au bout du monde  les bons filons ou les grosses pépites.

 

Pendant plus d’un siècle, l’or fut l’étalon du système monétaire. Avec le système de l’étalon or, les banques centrales devaient détenir une réserve d'or correspondant exactement à la valeur des billets qu’elles mettaient en circulation afin que soit possible à tout moment la conversion du papier monnaie en en pièces d’or ou en lingots. On croit rêver !

 

Le système de l’étalon or a été abandonné après la seconde guerre mondiale mais l’or est restée une  valeur refuge  et constitue durant les périodes de tourmente boursière le placement privilégié des épargnants. Maintenant plus que jamais…

Dans ce contexte, le chercheur d’or s’est mué, dans nos cités sans mines d’or, en acheteur d’or qui propose, selon la publicité figurant sur d’alléchants panneaux et autres supports, d’acheter le fabuleux métal à un prix dit très attractif et qui se situe  approximativement entre 15 et 25€ le gramme d’or à 18 carats.

 

Est-ce un bon plan, autrement dit, faut-il tomber dans le panneau ? La réponse est donnée par le cours de l’or. Un gramme d’or à 18 carats vaut  en France actuellement autour de 40€. Il a rarement atteint un tel cours. Vendre ses bijoux de famille entre 15 et 25€ le gramme n’est donc pas en soi  une très bonne affaire. Sans nécessité économique, il est préférable de les conserver avec les souvenirs qui y sont liées. Il y a en effet  un lien très personnel et affectif entre les bijoux et ceux qui les portent ou les ont portés. S’il faut absolument opérer un partage  des bijoux au sein d’une famille, ou si on a peur de se les faire voler ou si encore, on ne les aime pas ou plus et songe à s’en débarrasser, ce n’est pas une affaire trop mauvaise  de les vendre puisque, même très en dessous du cours officiel,  le produit de la transaction sera relativement élevé. Pour l’acheteur, il n’y a aucun doute, c’est une « affaire en or » !

 

Reste à savoir, et c’est la question la plus délicate,  si ce commerce ne favorise pas l’écoulement par les voleurs de leurs rapines. Tel est inévitablement le cas s’il n’y a pas de contrôle de la provenance de l’or présenté à la vente, si celle-ci se fait sans que l’acheteur soit tenu de garder la trace écrite de l’identité du vendeur et si l’or peut être fondu librement sans contrôle préalable.

 

La presse écrite  de Guadeloupe s’est fait récemment l’écho de vols de bijoux à l’arrachée par de jeunes délinquants recrutés par le grand banditisme. Il reste à espérer que l’écoulement des bijoux volés ne soit pas facilité par les officines d’achat d’or qui, sans un contrôle serré des pouvoirs publics, pourraient aisément transformer l’or sale des rapines en or propre destiné à la fabrication de nouveaux bijoux, autrement dit « BLANCHIR » l’or.

 

Héloïse

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